CHAPITRE 1

Il était une fois le tourbillon 

Le tourbillon fait tourner les têtes des amateurs et hypnotise les passionnés de belle mécanique. De cette spécialité horlogère, beaucoup croient tout savoir tant elle revient souvent au cœur des garde-temps les plus démonstratifs. Pourtant, son histoire débutée en 1801 avec le dépôt de brevet par Abraham-Louis Breguet, réserve aujourd’hui encore des surprises aux chercheurs se penchant sur la genèse de sa mise au point. Découverte en trois petits tours d’une merveille échappant à la gravité universelle.

Par Vincent Daveau
Calibre de chronomètre de marine par John Arnold et cage de tourbillon par Abraham-Louis Breguet avec échappement à détente de Peto. Premier tourbillon réalisé en 1808 par l’horloger devenu Français. La dédicace explicite souligne les liens étroits qui l’unissaient au célèbre horloger anglais spécialisé dans la réalisation d’instruments de mesure du temps de précision. 

À force d’en voir, on oublie combien un régulateur à tourbillon a longtemps été une spécialité horlogère rarissime, réservée aux garde-temps d’exception et aux pièces destinées à concourir lors des épreuves chronométriques annuellement organisées par les observatoires européens de Kew Teddington en Angleterre, de Besançon en France, de Neuchâtel et de Genève en Suisse.

Image de l’observatoire de Kew Teddington vers 1800. 

Pour se faire une idée de leur caractère exceptionnel, en 1996 le centre technique de l’horlogerie connu sous l’acronyme de CETEHOR, avait établi lors d’un colloque organisé à Besançon que seul un millier de montres de haute chronométrie dotées de tourbillons avaient été fabriquées en deux siècles d’histoire. Pareille rareté explique en partie la valeur affichée des références en étant aujourd’hui équipées. Et si tout le monde s’accorde à reconnaître à cet élément mécanique une noblesse justifiant de le retrouver dans beaucoup de calibres de haute volée, peu nombreux sont en revanche ceux parmi les passionnés à savoir quand a été développé cet organe et comment il fonctionne. 

Détente à ressort de Peto identique à celle installée dans le premier tourbillon produit par Abraham-Louis Breguet destiné à révérer la mémoire de John Arnold.

Il n’est pas question ici de tout remettre en cause sur ce que tout le monde pense savoir sur le tourbillon, mais plutôt de poser les bases de ce qu’un amateur doit connaître de cet organe de régulation de haute chronométrie. 

Contrairement à ce qu’il est possible de lire régulièrement un peu partout, un tourbillon n’est pas une complication au sens horloger du terme (voir définition de la complication horlogère), mais une spécialité horlogère destinée à améliorer le rendement et la précision d’un oscillateur en faisant occuper à tous ses défauts d’équilibre du groupe de régulation un point sur un cercle en un temps donné. Au final, la rotation de la cage de tourbillon permet d’annuler les effets de la gravité terrestre sur l’ensemble balancier-spiral. Elle contribue aussi à améliorer sensiblement son isochronisme pour peu qu’aucune action externe ne vienne perturber les oscillations du régulateur entretenues régulièrement par la fourchette de l’ancre ou les dents de la roue d’échappement libérée par la détente. 

Chronomètre à Tourbillon N°36 de la maison Arnold & Son inspiré du premier tourbillon fabriqué par Breguet en 1808.

À suivre donc…

Consultez toutes nos fiches techniques sur les montres Breguet.

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