La Maison des Métiers d’Art
Frank Sans C a eu l’honneur et le privilège de pousser les portes de la Maison des Métiers d’Art de Cartier. Une exclusivité octroyée à la chaîne avec la visite de ce lieu connu des seuls initiés. M X, Y et Z, dont on ne verra pas le visage lui dévoilent les techniques ancestrales des artisans où patience et savoir-faire sont les maitres mots. Quand tradition et créativité se rencontre, l'extraordinaire n'a plus de limite.
Frank Sans C s’aventure le temps d’une journée dans les couloirs des ateliers de la Maison des Métiers d’Art de Cartier à la Chaux-de-Fonds. Va-t-il réussir à percer quelques mystères de fabrication des pièces artistiques emblématiques de la célèbre maison française ? Peut-on rêver à y penser… Ce qui est sûr, c’est que quelques clés sont données pour décrypter ces procédés parfois très anciens qui continuent de subjuguer le monde.
Les Métiers d’Art au service de la joaillerie
La Crash de Cartier et son émail champlevé
Le saviez-vous ? Créée en 1967 pendant la période ultra vivante et créative du Swinging London, cette pièce atypique et iconique a une histoire particulière. Tout droit sortie d’un tableau de Salvador Dali pourrait-on croire. Mais il en est tout autrement. Elle tient son nom et surtout son design d’une personne de Cartier qui a malencontreusement eu un accident de voiture. La montre s’est littéralement écrasée sous l’impact. La Crash est née. Editée souvent à peu d’exemplaires, elle est, cette année, capturée par les mains expertes des artisans joailliers.
Tigre, crocodile, eau ou coquillage, les motifs sont troublants et poussent l’imagination à son paroxysme. Les diamants se mêlent à de nombreuses techniques d’émaillage. En effet, pour la lunette, les rayures sont réalisées en émail appelé « champlevé ». Joli terme pour désigner un procédé de gravure qui creuse de petites cavités dans le matériau – ici de l’or – pour ensuite les remplir d’émail.
Un dégradé de bleu, de vert en passant par du turquoise, est obtenu par l’émailleuse à partir d’oxyde de cobalt (bleu) et d’oxyde de cuivre (vert). Dix passages au four entre 750 °C et 700 °C ont été nécessaires pour obtenir de telles couleurs qui apparaissent presque translucides. La maîtrise est totale.
Edition limitée à 50 pièces
La Coussin de Cartier et son boîtier souple
Frank Sans C nous dévoile également les secrets de fabrication du boîtier de la Coussin de Cartier, modèle nominé lors de la cérémonie La Montre de l’Année 2022 dans sa catégorie. Quand les techniques modernes sont au service de la création .
L’utilisation de techniques ancestrales et l’art de la composition
C’est LA mission que s’est donnée la Maison des Métiers d’Art. Retrouver des gestes et des rendus du passé pour créer des outils et des pratiques s’appliquant aux nouveautés et aux douces « folies » des artisans.
La granulation d’or et la marqueterie avec la Montre Ronde Louis Cartier Zèbre et Girafe
Emblématique de Cartier depuis 1914, la panthère envahit les collections de la maison. Mais le félin partage l’affiche avec un bestiaire riche en animaux puissants et majestueux. Illustration par l’exemple avec la Montre Ronde Louis Cartier qui allie le profil d’un zèbre, d’un côté, et les motifs d’une girafe, de l’autre. La marqueterie a été choisie pour façonner les rayures du zèbre qui alternent nacre et onyx.
Une technique particulière et ultra minutieuse dont différents matériaux peuvent être utilisés. Frank Sans C évoque même dans sa vidéo le travail du bois aussi fin qu’une feuille de papier. Il nous explique que pour façonner la tête du félin et pour en capter toutes les nuances, l’ombrage est de mise. Explication. Les lamelles de bois sont plongées dans du sable de Fontainebleau (sable utilisé depuis toujours), légèrement chauffé, pour être brûlées. Afin d’obtenir les couleurs et les contrastes voulus, elles sont maintenues plus ou moins longtemps dans le sable.
Ensuite, et c’est là que l’affaire se complique. Le marqueteur sélectionne le veinage parfait pour venir ensuite le découper. Une « micro » scie a d’ailleurs été fabriquée par ses soins pour effectuer ce travail de fourmi.
Revenons à notre Montre Ronde Louis Cartier. Après la marqueterie, la granulation d’or fait son entrée. Cette technique ancestrale, inventée par les Étrusques, restitue le pelage tacheté de la girafe. Ultra réaliste, il est obtenu à partir de fils d’or coupés très fins. Chauffés, ces derniers se rétractent et se transforment en de minuscules billes en or. Ici, les artisans ont utilisé pour la première fois un dégradé d’or rose et d’or jaune.
Apposées une par une, les billes sont de différentes tailles pour donner contraste au dessin. 95 heures de travail et sept métiers ont été nécessaires pour exécuter cette pièce limitée à 30 exemplaires.
La résille géométrique de la Montre Ronde Louis Cartier Éclats de Panthère Marqueterie.
44 heures de marqueterie pour cette montre éditée à 30 pièces. Encore une fois réinterprétée, la panthère affiche un visage moderne et masculin. Pour lui donner cette finition géométrique, une fine grille en or est confectionnée à partir de 124 éléments distincts : 16 brins de paille, 8 composants de bois, 2 éléments en or jaune, 34 en or gris, 16 fragments de cristal de saphir et 48 de nacre. Tel un vitrail futuriste, la panthère hypnotise encore une fois par son regard perçant. Un vrai travail d’orfèvre.
Le serti-brillant, le paillage d’or, l’émail grisaille, l’heure mystérieuse, le filigrane ou même l’art du Panama, le champ des possibles est infini chez Cartier. Ces pratiques d’experts sont aujourd’hui maîtrisées par une nouvelle génération d’artisans qui se forment auprès de spécialistes, gardiens des techniques d’antan.
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