La Panthère, l’empreinte de Cartier
Sensuelle et féminine, magnétique et gracieuse, sauvage et douce, la Panthère cultive les contraires et rôde depuis toujours au cœur des collections de la maison Cartier. Magnifiée par Jeanne Toussaint, collaboratrice de Louis Cartier et directrice de la création haute joaillerie, elle impose sa patte au gré des époques et des modes pour apparaître sous divers atours. Parfois figurative, elle se montre sculpturale et graphique pour ressurgir dans un style abstrait totalement apprivoisé. La panthère c’est Cartier et Cartier c’est la panthère. Décryptage en vidéo avec Cyrille Vigneron, le CEO de l’une des plus célèbres maisons de luxe.
La Panthère, une histoire liée à Jeanne Toussaint
L’histoire de la Panthère est intimement liée à celle de Jeanne Toussaint. Celle qui deviendra la directrice de création pour la haute joaillerie chez Cartier en 1933, une promotion remarquable pour une femme à l’époque, est nommée à ce poste par son ami-âme sœur Louis Cartier.
Depuis son arrivée au sein de la Maison en 1918-1919, il n’a de cesse de nourrir son talent inné pour la création, d’attiser d’une main de maître son sens du style déjà bien aiguisé qui n’appartient qu’à elle, et de révéler cette intelligence artistique qui fait mouche au cœur d’un Paris festif et libéré. Celle que l’on surnomme également la « Panthère », qu’elle incarne par son allure farouche et son regard bleu énigmatique. Celle qui créera une autre définition de la femme moderne : indépendante, sensuelle, audacieuse, glamour à la beauté dangereuse.
Celle qui, grâce au concours de Peter Lemarchand, dessinateur arrivé chez Cartier en 1927, métamorphosera le fauve en le façonnant en trois dimensions pour lui donner vie et mouvement. À l’image de cette broche-pince de 1949, la pièce présente une panthère pavée de saphirs, de diamants et de diamants jaunes imposant son allure altière sur un cabochon saphir de 152,35 carats. Véritable prouesse esthétique et technique, elle est destinée à la duchesse de Windsor. Celle qui la sublimera en l’habillant de pierres précieuses et de gemmes exotiques. Celle qui hissera l’animal au rang d’icône culturelle…et éternelle.
Les premières apparitions de la Panthère
L’arrivée de la Panthère dans les collections de la griffe de luxe fait écho au contexte historique nourri de l’exotisme et du colonialisme de l’époque. La Panthère symbolise la puissance et le fantasme de contrées lointaines. Petit à petit, elle se tapit silencieusement dans différents univers notamment artistiques pour ne plus jamais s’échapper, tel un animal sauvage apprivoisé. Cartier a su la capturer pour la mettre en majesté dans son bestiaire riche et varié.
Il semblerait que ce soit en 1914 que le félin pointe le bout de sa truffe sur un carton d’invitation commandé par le joaillier à George Barbier, un illustrateur qui exerce ses multiples talents au service de la mode, du théâtre, du music-hall ou encore de la publicité. La « dame à la panthère » noire trône au milieu d’un décor antique, une tendance très en vogue en ce début du siècle.
C’est également la même année que le motif tacheté s’immisce sur une montre-bracelet fait de diamants et d’onyx rappelant le pelage de la panthère. Entre deux cyprès en émeraudes et rubis, elle pare également un nécessaire de 1917 offert par Louis Cartier à Jeanne Toussaint. Cadeau prédestiné ?
La Panthère naturaliste
Le sens du mouvement
Nils Hermann, Cartier Collection © Cartier.
Ligne directrice de Jeanne Toussaint, le mouvement fait désormais partie intégrante de ses créations joaillières. Un point d’orgue que la maison Cartier ne cessera jamais d’appliquer même en son absence.
Prouesse technique à l’époque de la « Panthère », le volume l’est encore aujourd’hui. La silhouette féline se doit d’être à la fois figurative, gracieuse et hypnotique. Le réalisme de ce design passe d’abord par l’intervention d’un sculpteur qui va créer un modèle en cire moulée puis en 3D.
Ce procédé permet ainsi de saisir toute la musculature et les détails physiques de l’animal pour un rendu plus vrai que nature.
Boutonnière Panthère de Cartier en or massif rhodié pavé de 127 diamants (22 600 euros).
À l’apogée de son art, Jeanne Toussaint introduit également l’or jaune qui réchauffe les collections par ses nuances chatoyantes et solaires. De nouvelles races de panthères voient ainsi le jour pour s’imposer dans les collections pérennes de Cartier.
Illustration par l’exemple avec cette ligne qui se distingue par sa souplesse indéniable. Pour se lover parfaitement au cou ou au poignet de sa propriétaire, le collier et le jonc en or jaune s’articulent grâce à l’assemblage de modules traversés par deux lames d’or liées à deux ressorts situés dans les têtes de la panthère. Se faisant face, elles possèdent des yeux sertis d’émeraudes ou de grenats tsavorites.
L’art du sertissage
En haute joaillerie, le motif tacheté, appelé le « serti pelage » ou le sertissage poil contribue de surcroît à rendre la panthère comme sortie de son élément naturel. Signature de la Maison, cette technique, qui mobilise le savoir-faire d’un joaillier, d’un lapidaire et d’un sertisseur, doit donner l’illusion d’une fourrure naturelle. Pour ce faire, chaque pierre est entourée et maintenue par des grains de métal minuscules. Ils sont ensuite allongés et recourbés pour finir transformés en fils. Fils qui rappellent ainsi les poils du félin. Les tâches, quant à elles, participent à cet effet de volume. Semblant être appliquées de façon aléatoire, en réalité, il n’en est rien. Elles apparaissent plus grosses et plus nombreuses sur la partie la plus visible du corps du fauve pour diminuer progressivement.
Largeur : 8,33 mm – Épaisseur : 4,7 mm.
La Panthère abstraite
Iconique, la panthère à la silhouette sinueuse et souple n’a plus besoin d’être illustrée de façon réaliste. Le simple fait d’apercevoir son imprimé sauvage iconique est un luxe.
La version abstraite de la Panthère la plus emblématique est sans aucun doute une pièce lancée en 1983 : la première montre Panthère de Cartier. Plus qu’une montre, c’est un bijou au dessin reconnaissable entre tous avec un boîtier en or jaune carré aux angles arrondis.
Avec une succession de maillons polis et galbés, le bracelet d’une extrême souplesse fait écho à la démarche sinueuse et gracieuse du félin. C’est un succès immédiat auprès de stars des années 1980 et de la scène artistique en général, elle devient alors le best-seller des collections Cartier.
Montre Panthère de Cartier, petit modèle, trois tours, en or jaune, mouvement à quartz (42 900 euros).
Montre Panthère de Cartier, petit modèle, en or jaune et diamants, mouvement à quartz (30 000 euros).
Elle apparaît l’année suivante (1984) dans une déclinaison bicolore en or et acier. Le total look acier, quant à lui, sera adopté en 1991. Cartier ne cesse de la réinterpréter au fil des décennies. Version mini, pixel, bracelet double ou triple et manchette, la montre est le terrain de jeu des ateliers de la Maison. Lorsqu’un design est réussi, le champ des possibles est infini.
Montre Panthère de Cartier moyen modèle en or jaune (32 200 euros).
L’abstraction figurative se transpose également sur les bijoux et les accessoires comme cette bague en onyx. Imposante, elle aussi bien destinée à la gent féminine que masculine. Ici, il s’agit d’une panthère noire aux tâches dorées résolument glamour.
Partie intégrante du vestiaire masculin Cartier depuis la naissance de la Maison, les boutons de manchette reflètent l’élégance à la française. Cet indispensable accessoire s’approprie également les motifs de la panthère pour une allure chic et élégante.
La Panthère graphique
Collier Panthère de Cartier en or jaune, serti de grenats tsavorites et d’une truffe en onyx (23 400 euros).
Un design toujours au service de la Panthère est le leitmotiv de Cartier. Qu’elle soit réaliste ou abstraite, l’icône féline n’a pas fini de se réinventer et de surprendre aussi. Elle magnétise à plus d’un titre subjuguant le regard par la tension de ses lignes et son style nerveux. Vision architecturale et graphique, la Panthère se dessine encore et toujours en trois dimensions. Tout est représenté : nez, joues, yeux, oreilles en pointe. Le fauve se dévoile plus sauvage et plus puissant comme si les découpes géométriques et les angles marqués accentuaient la férocité de l’animal. À l’instar de la montre La Panthère de Cartier, une édition joaillière dont le travail du bracelet est remarquable. Façonné par les studios de création et la manufacture, il est entièrement articulé et souple afin de créer une totale symbiose avec le poignet.
La Panthère évolue et les techniques aussi. En 2018, Cartier offre une réinterprétation du sablier en faisant apparaître d’un simple geste la tête d’une panthère. Quand la magie opère, les mots sont illusion. Tout comme le spectacle qui se joue sur ce cadran en laque noire lorsque de minuscules billes d’or tombent en cascade pour former, dans un désordre organisé, le dessin du félin.
Cerise sur le plateau
La Panthère s’affiche également en rose sur ce sac Panthère de Cartier petit modèle. Signature de la maison de luxe, son fermoir arbore la tête du félin stylisée et graphique ultra moderne. À porter à l’épaule ou en cross body.
À voir aussi :
À lire également :