Le bronze : une idée en or
Indissociables de la tendance vintage, aujourd’hui durablement installée dans le paysage horloger, les modèles en bronze créent le buzz du moment.
On ne dira pas que les marques exploitent déjà le filon à fond car ces pièces constituent encore une minorité, mais trois Maisons ont eu la même idée à Baselworld cette année et leurs montres en bronze, bien qu’elles ne soient pas les premières du genre dans l’histoire de l’horlogerie, ont toutes été saluées par la critique.
Chez Oris par exemple, l’édition Carl Brashear, limitée à 2 000 exemplaires, a rencontré un succès retentissant au salon horloger, qui ne s’est pas démenti une fois les pièces livrées en boutique. C’est bien simple, elles ont toutes été vendues. Les collectionneurs semblent avoir apprécié l’hommage d’Oris au premier instructeur de plongée afro-américain de l’US Navy et peut-être plus encore la particularité physique du bronze, qui se patine dans le temps, ainsi que les lignes d’un instrument évoquant la première montre de plongée de la Maison sortie en 1965. Quoi qu’il en soit, le choix de ce type de métal trouve ici toute sa justification car ce dernier est directement lié à l’univers marin. Côté matière, il rappelle évidemment les éléments en bronze qui constituent en partie les anciens scaphandriers, tout en offrant un joli clin d’œil aux instruments de navigation en cuivre ou en laiton des navires d’époque.
Dans le même registre, l’Heritage Black Bay Bronze signée Tudor fait également beaucoup parler d’elle en conjuguant à son look séduisant, inspiré de plusieurs montres de plongée Tudor fabriquées entre les années 50 et 70, un habillage réalisé dans un alliage de bronze spécifique (du cupro-aluminium haute performance) garantissant une évolution homogène de la patine sur toute la surface du boîtier. Très attendue depuis sa présentation à Bâle (les distributeurs ont dû établir des listes d’attente), cette version de la désormais emblématique « Black Bay » est d’autant plus belle, qu’elle est accompagnée d’un bracelet en cuir vieilli et d’un bracelet additionnel en tissu, confectionné par l’une des dernières entreprises françaises à maîtriser la technique artisanale du tissé jacquard.
Bell & Ross participe aussi à cet élan. Après un premier essai l’année dernière avec une BR 01 Skull Bronze, la Maison étoffe en effet sa collection avec plusieurs Instruments dont les boîtiers carrés combinent des pièces en bronze à d’autres en bois. La BR 01 Instrument de Marine, et son cadran laqué dessiné à l’image de celui d’une horloge de navigation du XVIIIe siècle, est ainsi constitué de bronze cuSn8 (alliage de cuivre et d’étain à l’état pur) et de palissandre des Indes (sur la tranche de la boîte).
Nous ne pouvons conclure sans parler de Panerai, qui déjà en 2011 présentait au SIHH une montre de plongée Luminor Submersible 1950 3 Days Automatic « Bronzo » de 47 mm, dont les 1 000 exemplaires en alliage cuSn8 ont été écoulés en un temps record. A noter que cette édition présentait, comme aujourd’hui chez Bell & Ross, un fond en titane pour éviter toute allergie au contact du poignet. Oris et Tudor ayant opté quant à elles pour des fonds en acier inoxydable.
Sans dire que le bronze constitue un nouvel Eldorado pour les maisons horlogères, il faut souligner le fort affect qu’il suscite aujourd’hui. Mode passagère ou destinée à durer dans le temps ? L’avenir nous le dira. Toujours est-il que nous savons, de source sûre, que le bronze sera présent dans les allées du prochain Salon International de la Haute Horlogerie à Genève. To be continued…
Nicolas YVON