L’heure du Rat a sonné
Le Rat est mis à l’honneur par les grandes maisons horlogères pour le Nouvel An chinois. Tandis qu’une grande partie du monde a déjà fêté la nouvelle année, les communautés asiatiques doivent patienter jusqu’au samedi 25 janvier pour célébrer ce basculement dans les vingtaines. Le Rat de Métal s’apprête à remplacer le Cochon de Terre, avant de céder la place au Buffle de Métal le 12 février 2021. Une occasion pour les manufactures de se mettre à l’heure du Rat et séduire d’autant plus la si précieuse clientèle chinoise avec des montres qui reflètent bien souvent le talent unique des maîtres artisans qui perpétuent des techniques ancestrales.
Chloé REDLER
Bien au-delà de satisfaire et de s’attirer toujours les faveurs d’une clientèle asiatique aisée, les marques horlogères aspirent à travers quelques pièces exceptionnelles – pour la plupart en édition limitée – à mettre en valeur la place essentielle des métiers d’art dans leurs créations, et par extension le travail précieux et minutieux des maîtres artisans. Techniques traditionnelles du laquage chinois et japonais « Urushi », réinterprétation de l’art populaire du papier découpé chinois « jianzhi », savoir-faire ancestral de la porcelaine et du « sparsello » italien, maîtrise de l’émail Grand Feu, sont d’autant de procédés que les manufactures ont utilisé pour façonner leurs montres éditées spécialement pour marquer l’année du Rat de Métal.
Premier signe du calendrier astrologique chinois, le Rat est synonyme de renouveau, d’intelligence, d’ambition et d’ingéniosité. Selon la légende, l’Empereur de Jade convia la veille du Nouvel An, les animaux à un étrange rassemblement. Seulement douze d’entre eux répondirent à l’appel. L’Empereur, divinité suprême, leur offrit un cadeau unique en leur dédiant à chacun une année qui portera leur nom. Arrivé en tête de cette course mythique, le Rat obtint la première place du calendrier zodiacal chinois en surpassant des animaux bien plus puissants que lui.
Chez Blancpain, justement, la nouvelle référence Calendrier Chinois Traditionnel de la collection Villeret peut s’enorgueillir de réunir deux interprétations du temps différentes en combinant les informations du calendrier luni-solaire à un quantième grégorien (adopté par les chinois en 1912). Une véritable prouesse horlogère qui a nécessité cinq ans de développement et que la manufacture dévoile à travers deux versions masculines, l’une en platine, éditée à 50 pièces, et l’autre en or rouge, non limitée.
Un cadran façonné en émail Grand Feu de couleur blanche est le théâtre de cette complication où s’affiche, à midi, un Rat ainsi qu’un compteur double des heures, en chiffres et en symboles. Tandis qu’à 9h, deux aiguilles indiquent le mois et la date, avec une petite ouverture dédiée aux mois intercalaires, prennent place, à 3h, les dix piliers célestes et les cinq éléments. Complétée par une phase de lune, cette performance technique est réglée et assemblée minutieusement par un seul horloger dans l’atelier des Grandes Complications de Blancpain. Au cœur de ce remarquable garde-temps de 45 mm de diamètre, un mouvement automatique décoré de « Côtes de Genève » possède un spiral en silicium et une masse oscillante gravée du même petit rongeur.
Les poignets féminins ne sont pas en reste avec une première montre au cadran en porcelaine, réalisé entièrement au sein de la manufacture du Brassus. Clin d’œil au chiffre porte-bonheur en numérologie chinoise, les huit pièces de cette série spéciale Métiers d’Art Porcelaine sont fortement inspirées de cette technique ancestrale qui exige de nombreuses étapes de séchage et de cuisson. Elles sont le parfait exemple du mariage réussi entre l’art de la porcelaine et la peinture sur émail. Le décor du cadran présente trois rats délicatement peints à la main à l’aide d’un pinceau d’une extrême finesse, ce qui lui confère un surprenant réalisme. Dotée d’un boîtier en or blanc de 33 mm de diamètre serti de quarante-huit diamants, cette nouvelle édition automatique est associée à un élégant bracelet en cuir d’alligator bleu foncé.
Dans les ateliers de Jaquet Droz à La Chaux-de-Fonds, l’émail Grand Feu est aussi mis à l’honneur par les maîtres émailleurs sur quatre nouvelles pièces à l’effigie du Rat. Comme en Chine, apercevoir le rongeur augure de belles récoltes et représente donc un signe de prospérité, la maison a donc choisi délicatement de mettre en scène l’animal dans son milieu naturel et de le nourrir de grenade, un fruit lié à l’abondance. Peint minutieusement à la main sur les modèles Petite Heure Minute en 35 mm et 39 mm de diamètre sertis de diamants (28 pièces chacun), ce fruit est incrusté de rubis sur la version de 41 mm à cadran en onyx noir, proposée soit or rouge, soit en or blanc incrustée de deux cent soixante-douze diamants. Encore plus exclusives, ces dernières sont quant à elles éditées à seulement 8 exemplaires, en hommage au chiffre fétiche de Jaquet Droz.
La manufacture Piaget illustre également son savoir-faire quand on s’intéresse à la pureté des cadrans. Une perfection esthétique et artisanale qui s’observe sur une Altiplano extra-plate (2,1 mm d’épaisseur) en or blanc sertie de diamants, spécialement créée pour l’année du Rat. Façonné en émail cloisonné Grand Feu, le cadran représente ici un couple de rats blancs dont les silhouettes ultra précises sont obtenues selon un procédé exclusif qui consiste à transférer un dessin sur la surface travaillée en délimitant les contours par un fil d’or d’une grande finesse. Formant de petites cloisons, l’émail est disposé précieusement avant de passer plusieurs fois au four afin d’obtenir la couleur souhaitée par l’artisan. Sur ce modèle, l’émailleuse Anita Porchet a réussi un véritable tour de force en créant de magnifiques nuances de gris pour donner vie à l’animal.
Seulement quatre-vingt-huit exemplaires de la L.U.C XP Urushi Year of the Rat de Chopard seront édités. La maison horlogère et joaillière met à l’honneur, à travers cette pièce en or rose de 40 mm de diamètre, la laque « Urushi ». Cet art pictural ancestral du laquage d’origine japonaise et chinoise a été utilisé pour réaliser à la main un cadran à l’image du Rat dont les éléments de composition ont une forte portée symbolique : l’épi de maïs, signe d’abondance et le kaki, fruit caractéristique de la longévité, ainsi que les couleurs porte-bonheur du signe zodiacal (bleu, or et vert).
Fabriqué en collaboration avec le grand maître Urushi, Yamada Helando, l’œuvre d’art miniature est l’aboutissement d’un véritable travail d’orfèvre combinant de la laque (issue de la sève de l’arbre Urushi appelé « arbre à laque ») et de la poudre d’or, un mélange appliqué par couches successives très fines.
Mariant le rouge et l’or, teintes considérées comme le summum de la bonne fortune, la Premier Chinese New Year Automatic 36 mm d’Harry Winston met aussi à l’honneur le culture chinoise avec cette flamboyante édition limitée à huit exemplaires. C’est l’art du « jianzhi » qui est sublimé pour donner à son cadran une profondeur incroyable. Cette technique de papier découpé est l’une des formes d’art les plus populaires et anciennes chinoises. Et pour cause, elle est présente dans les moindres détails de l’environnement et de la vie festive des chinois : murs, lanternes, portes et fenêtres en sont décorés.
Réinterprété par le joaillier-horloger, le « jianzhi » se traduit ici par la représentation du Rat, non en papier mais confectionné dans une délicate structure continue d’or rose, contrasté sur un fond en nacre d’un rouge intense. Précieuse et étincelante, cette pièce incrustée de cinquante-sept diamants est servie sur un bracelet en cuir d’alligator dans les mêmes teintes carmin.
La même technique artisanale chinoise a inspiré Vacheron Constantin, qui a poussé à son paroxysme sur les deux modèles (en platine et en or rose) Métiers d’Art La légende du Zodiaque chinois. Entre cultures occidentales et orientales, le découpage rend tout autant hommage au « jianzhi » qu’à son alter ego helvétique, le célèbre « Scherenschritt », pour créer un cadran gravé aux motifs rappelant l’iconographie…chinoise. En émail Grand Feu, celui-ci accueille un Rat en platine ou en or, entouré de quatre guichets s’ouvrant sur les heures, les minutes, le jour et la date, pour un affichage du temps atypique et intuitif. D’un diamètre de 40 mm, ces deux variations sont certifiées du prestigieux Poinçon de Genève et possèdent une masse oscillante ajourée or et décorée de la Croix de Malte, emblème de la manufacture.
En 2009, Panerai lançait son premier modèle dédié au calendrier zodiacal chinois avec le Buffle. Aujourd’hui, la maison clôt un cycle de douze années avec le Rat à travers un modèle emblématique. La manufacture d’origine florentine a choisi une Luminor Sealand de 44 mm de diamètre, dotée côté face d’un couvercle de protection en acier 316L orné d’un décor effectué grâce au « sparsello ». Cette technique italienne doit son nom à l’outil utilisé pour effectuer les petites incisions, rappelant étrangement un scalpel. Ces infimes entailles sont ensuite incrustées de fils d’or frappés au marteau pour combler les creux. Un procédé qui nécessite patience et maîtrise totales pour créer ce petit rat qui trône fièrement sur l’élément mobile et semble narguer l’observateur par sa malice.
Si elles n’abordent pas le sujet du Nouvel An chinois à travers les métiers d’art, d’autres marques proposent des créations hautes en couleurs.
A l’instar de Swatch, qui édite une version appelée « Cheese » qui ne manque pas de caractère. Livrée dans un coffret or et rouge inspiré d’une portion de gruyère, ce modèle en plastique brillant argenté et son bracelet en silicone gris métallisé, rouge au verso, montre son côté facétieux avec son passant en forme d’oreilles de rat.
Tandis que Louis Vuitton tire son épingle du jeu avec sa Tambour Horizon. La célèbre et intuitive montre connectée de la maison profite des possibilités de son écran digital couleur pour reprendre les douze signes du zodiaque chinois, d’adorables animaux aux visages très « bande dessinée » qui posent au centre du cadran accompagnés des sacs iconiques du célèbre maroquinier.
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