L’aventure B-ROCKET
DE LA CONCEPTION A L’ ABOUTISSEMENT D’UN RÊVE
Une machine inédite qui rendrait hommage à l’aviation américaine des années 50-60 à travers ses lignes et inspirerait une nouvelle montre pour la marque. Comme il le souligne : « L’horlogerie et l’aéronautique sont deux univers intimement liés. La montre d’aviation est née avec la navigation aérienne et a évolué avec l’instrumentation aéronautique. La période mythique est celle durant laquelle les ingénieurs américains se sont lancés à la conquête de la vitesse supersonique et de l’espace. A cette époque, les recherches aérodynamiques, la performance des réacteurs et la maîtrise de la vitesse étaient une quête glorieuse et dangereuse pour les pilotes. C’est à ce moment-là que les records de vitesse au sol vont atteindre des chiffres phénoménaux. J’avais envie d’explorer cette histoire d’une autre manière et l’idée de construire une moto pour retrouver l’esprit de l’époque et la magie de ce lieu de légende m’est venue. La B-Rocket m’a inspiré deux montres complémentaires par leur taille et leurs fonctions : le chronographe BR-01 et sa petite sœur la BR-03 B-Rocket ».
La collaboration entre Shaw Speed Motorcycles, concessionnaire officiel Harley-Davidson en Angleterre, et Bell & Ross ne date pas d’hier. Il y a trois ans, les Anglais, fans de la marque horlogère, avaient construit une machine très spéciale sur base Harley-Davidson et l’avait ensuite proposée à Bell & Ross, spontanément. Bruno Belamich avait aussitôt souscrit à cette idée, belle s’il en fut puisque la Nascafe Racer remporta de nombreux prix dans les concours de customs internationaux.
Trois ans plus tard, Bell & Ross a demandé aux sorciers anglais, maintes fois primés dans les concours internationaux de custom, de construire une moto de vitesse destinée à aller rouler sur les pistes de Bonneville. Bruno Belamich a donc dessiné une goutte d’eau. Belle idée pour une moto qui doit aller rouler dans le désert de sel…
Un trait de crayon, qui paraît étonnamment simple pour dessiner les contours d’une moto unique au profil aérodynamique, évoquant à la perfection l’univers fabuleux de l’aviation américaine des années 50 et 60. Bruno précise : « J’ai imaginé la moto mais ce sont les artisans de chez Shaw qui l’ont construite. Nous avons travaillé ensemble à la conception de ce prototype. C’est fantastique de voir naître ce genre de création, de réaliser en vrai ce qu’on avait imaginé sur le papier. C’est ce qui a fait de cette expérience passionnante qui a commencé par un rêve, une belle aventure humaine et technique ».
De l’autre côté du channel, Steve C. Willis, le boss de la concession de l’East Sussex, raconte : « Bruno nous a fait confiance. En qualité de designer il sait qu’il faut laisser des champs ouverts aux personnes qui réalisent un projet. Nous échangions sans cesse, par mail et nous sommes rencontrés à plusieurs reprises. Le projet était très précis, très dessiné à partir de ce que nous avions imaginé, dans ce style des motos de records, et il a fallu coller à cet esprit recherché. C’est ce que nous aimons faire et que nous réalisons auprès de la plupart de nos clients. C’est un échange d’idées et de savoir-faire ».
BONNEVILLE, ETAPE ULTIME DE LA B-ROCKET
La B-Rocket, a été dévoilée début 2014 en France avant d’entamer son tour du monde en traversant l’Atlantique pour enfin poser ses roues sur les pistes du lac salé, à Bonneville.
Comment aurait-il pu en être autrement ‘ C’est le créateur qui nous pose la question… en forme de réponse aux nôtres. Cette B-Rocket, engin exclusivement destiné aux runs sur le sel, il fallait impérativement aller voir de près et sur le terrain ce que cela donnait. C’était le but de l’aventure et en juin dernier, une petite équipe s’est rendue sur place, lieu ultime dédié aux chasseurs de temps, pour tourner un film. Avec la moto… et la montre bien sûr, personnage primordial de cette saga horlogère peu commune.
L’aboutissement d’un rêve. Rouler à Bonneville pour y tourner un film n’est pas seulement une affaire de voyage et de logistique, même si cette partie est assez complexe à mettre en place. Il faut aussi un bon pilote pour emmener la machine. Ce sont donc les artistes de chez Shaw qui ont « mouillé la chemise ». Et encore une fois quelques événements non prévus sont venus corser l’histoire. Niels Sefton, un des membres de la concession et fin pilote réputé, devait conduire la machine sur la piste. A quelques jours du départ, il se blesse et doit donc renoncer. Un remplaçant est trouvé au pied levé. C’est aussi un collaborateur de la concession Shaw, motard depuis toujours mais pas vraiment aguerri à ce genre de pratique sur le lac salé. Simon Pocock explique : « J’ai beaucoup pratiqué le moto cross et je roule à moto depuis toujours mais je ne suis pas ce qu’on appelle un pilote de vitesse pure. J’étais là au bon moment, il fallait remplacer Niels. J’y suis allé. En dépit du fait que mon collègue était blessé et devait renoncer, j’étais aux anges. J’allais enfin réaliser mon rêve de rouler sur le lac salé ».
Le rêve ! Le mot sonne ici avec la plus grande justesse tant on sait que le lac salé de Bonneville est un endroit totalement mythique et unique. Il faut cependant une réelle maîtrise de la moto en général pour se lancer sur cette surface à l’adhérence précaire, seul perdu au milieu de cette immensité blanche totalement dénuée de repère. Simon raconte : « J’avais quelques appréhensions avant d’y aller. Mais nous ne pouvions pas faire marche arrière. Le défi était lancé. Le comportement de la moto sur le sel est très particulier, ça n’a rien à voir avec ce que je connaissais jusqu’alors. Je me suis progressivement habitué à pousser la moto à fond et quand je me suis senti plus à l’aise les runs sont devenus incroyables. Seul sur la moto avec le son de la mécanique et des échappements dans les oreilles, en faisant corps avec la machine. C’était magique ! C’est la première fois que j’ai ressenti une émotion telle aux commandes d’une moto ». Des propos qui laissent à penser que la machine est bien née et qu’il complète ainsi : « Bien entendu cette moto n’a pas été conçue pour conquérir des records ». A part battre nos propres records, et je crois que nous avons réussi, il faudrait une préparation mécanique plus importante pour obtenir les performances nécessaires aux courses de runs. Pourtant elle marche très fort.
Le gros twin Harley-Davidson a vraiment de la force et du couple. C’est une moto pleine de sensations, vivante et puissante. Elle a un vrai potentiel et se comporte très bien, c’est déjà ça.
Et peut-être qu’un jour nous irons avec à la Speed Week de Bonneville pour concourir face à d’autres machines de cette catégorie.
UNE BELLE AVENTURE HUMAINE
Pour le moment je conserve juste le souvenir énorme d’avoir roulé à Bonneville pour réaliser le film avec toute l’équipe de Bell & Ross. Enthousiaste et heureux, Simon tient quand même à préciser que le tournage du film n’était pas forcément une simple balade dans un décor de rêve : « Nous avons beaucoup roulé. C’était assez physique, pas facile du tout. Comme nous disposions de la piste totalement libre nous avons pu rouler bien plus que lorsque l’on concourt pour les records. Pendant les prises de vues avec l’hélicoptère je faisais au minimum 6 heures de runs par jour. Une véritable épreuve physique ! Cela me mettait pas mal de pression d’ailleurs, il fallait être parfait, ne pas dévier de la ligne, avoir la bonne attitude. Je ne courais pas contre le temps mais la concentration était sans doute identique à celle que l’on doit avoir sur les runs chronométrés.
Et puis la chaleur, celle de la moto et du soleil (35° à l’ombre), était éprouvante, je devais m’hydrater en permanence. Entre les prises, pendant les réglages de cadre ou la mise en place des plans, les personnes de l’équipe m’aspergeaient d’eau, sous mon cuir… Le sel aussi. Il colle partout sur la moto qu’il fallait nettoyer sans cesse pour qu’elle ne s’abime pas ou ne connaisse pas de soucis mécaniques. C’était un travail pas facile mais vraiment passionnant et si on me demande de repartir demain, je signe tout de suite ».
Voilà une parole qui donne envie de prendre date. Une date à ajouter aux aventures de Bell & Ross qui emprunte résolument des pistes différentes pour concevoir ses modèles… Parfois même jusque sur le sel d’un lac désertique ! Là où la vitesse est libre et les pensées aussi.