Lune y es-tu ?
De tous les calendriers, celui lunaire est sans doute le plus ancien. S’inscrivant dans l’ordre naturel des choses de la vie, les phases de lune ont séquencé celle des hommes du passé et rythment aujourd’hui encore celle de nombreux peuples du monde contemporain. Petit tour d’horizon d’une complication astronomique aussi simple en apparence qu’esthétique.
Complications astronomiques : demandez-lui la Lune
Depuis la découverte par des archéologues d’os gravés datant du paléolithique supérieur représentant les cycles de la Lune mais également grâce à la mise au jour de sites astronomiques comme celui d’Ur en Asie Mineure ou de Stonehenge en Ecosse, on sait que les hommes ont un relationnel très fort avec le ciel et, en particulier, avec les indications relatives aux cycles lunaires.
Aux sources de l’heure astronomique
L’adhésion au calendrier lunaire a quelque chose de logique et de rassurant à la fois car l’horloge cosmique est immuable et cyclique dans ce qu’elle offre à contempler du ciel. Très vite, les sociétés humaines l’ont utilisé pour ritualiser leur vie sociale. A force d’observation de la voûte céleste, les Babyloniens ont établi le mode de calcul sexagésimal (calcul sur base 60) car il permet une spatialisation du temps grâce au découpage d’un cercle de 360° en 24 parties égales de 15° chacun. Le séquençage des cadrans de montres est né de l’observation du ciel et du besoin des scientifiques de diviser l’espace stellaire en parties égales. Plus tard, vers 87 avant notre ère, des savants grecs sont arrivés à produire des instruments mécaniques dotés de rouages et de cadrans qui, à l’instar de la fabuleuse machine d’Anticythère (proposée sous la forme d’une montre par Hublot, il y a quelques années), pouvait prédire des événements astronomiques et en particulier les éclipses lunaires. Tous ces outils – et les archéologues sont formels – étaient nombreux dans le monde antique. Devaient-ils servir la cause des hommes de pouvoir pour qui, sont essentielles les conjonctions harmonieuses entre l’humain et la nature ?
Du ciel au cadran
A travers le caractère métaphorique et poétique de la croissance et décroissance de la Lune qui nous accompagne de toute éternité, se dessine le souci de symboliser cette passion pour son attractivité dont la conséquence ultime est de faire s’attirer les corps. Conscients de son importance et sous couvert d’une information d’ordre astronomique, astrologique ou même agronomique, les horlogers ont très tôt associé les cycles de notre satellite naturel à l’affichage horaire. Dès le Moyen-Âge, elle apparaît aux cadrans des grandes pendules d’édifices car le jour de Pâques est fixé à partir du calendrier lunaire et sa date coïncide avec le premier dimanche après la première pleine lune de printemps. Ensuite, à force de miniaturisation, elle conquiert les cadrans des montres d’exception de la Renaissance et plus tard encore de nombreux instruments car, sous couvert d’astronomie et de science, les hommes souvent un peu fripons ont détourné son affichage se renouvelant tous les 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2,9 secondes à d’autres fins plus légères.
D’hier à aujourd’hui
Qu’importe, cette représentation, toujours flatteuse, donne du relief aux cadrans des montres et demeure aujourd’hui encore l’une des informations préférées des amateurs de belle horlogerie. Au même titre que les pièces destinées à la plongée, celles dotées d’affichages lunaires se retrouvent dans pratiquement tous les catalogues des marques de bonne tenue. Toutefois, il est rare de la voir apparaître seule au cadran. Elle est le plus souvent associée à des informations calendaires. C’est sous cette forme qu’on la retrouve au cadran des montres de manufacture pilotées par le Calibre Royal doté d’un affichage de jour et de date à sautoir instantané.
Elle est présente chez IWC, Patek Philippe, Jaeger-LeCoultre, Longines, ou même Glashütte Original pour animer les cadrans de leurs montres embarquant des complications allant du triple quantième simple aux quantièmes perpétuels en passant par ceux annuels.
Majestueuse et onirique, elle habille le cadran de pièces exceptionnelles comme l’Astronomic Souveraine de F.P. Journe. Le plus souvent elle est représentée en deux dimensions et apparaît dans un guichet arborant un profil spécifique avec deux bossages servant à marquer visuellement ses différentes phases croissantes et décroissantes.
Certaines sont représentées de façon classique avec des yeux et une bouche comme chez Blancpain, d’autres sont juste dorées sur fond bleu ou argentées sur un fond constellé d’étoiles et enfin, depuis un moment, certaines sont des imprimées de façon réaliste avec ses mers et ses cratères. C’est le cas de la Lune apparaissant en immense au cadran de la France proposée par la maison Meistersinger.
Ce type de Lune a depuis peu la faveur du public car son côté réaliste réveille certaines émotions enfouies au plus profond du cortex.
Finalement, il ne restait plus aux horlogers inventifs qu’à proposer une version de la lune en volume. C’est chose faite avec la Mega Yacht signée Ulysse Nardin.
Sa représentation est aussi variée que peut l’être la créativité des concepteurs et chacun y va de sa façon de la représenter. La preuve : la maison Arnold & Son la propose en volume au cœur de la montre Luna Magna. Tandis que Jacob & co la met en rotation dans l’Astronomia à grand renfort de pierres précieuses.
Avec autant de possible, il sera loisible à chacun de trouver la représentation lui correspondant le plus. Toutefois, les puristes et les amateurs de précision devront retenir que toutes les représentations de phases de lune ne se valent pas en matière de justesse. La plupart nécessitent d’être recalées tous les 3 ans, mais d’autres sont équipées de « Lune de Précision » des affichages capables de n’avoir qu’un jour de décalage en 73 ans. Et si cela ne suffit toujours pas, il est possible de s’en remettre à des pièces équipées, cette fois, d’une complication astronomique, un mécanisme permettant aux phases de la lune de ne se décaler que d’un jour au bout de 122 ans… Qui dit mieux ?
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