Magico S5 : une Américaine dans votre salon
Qui mieux qu’Alon Wolf pour parler de la nouvelle S5 ? Le patron et créateur de Magico a fait le déplacement à Paris pour présenter la dernière-née de sa série S. Une colonne aussi élégante que performante et toujours à la pointe de la technologie. Rencontre.

L’arrivée d’une nouvelle enceinte Magico est toujours un événement. Du moins pour les audiophiles. Non seulement la marque américaine multiplie les prouesses technologiques dans le développement de ses produits, mais illustre parfaitement l’adage : ce qui est rare est cher. Fabriquée en Californie, chaque colonne ou enceinte bibliothèque nécessite des années de travail et ne dépasse jamais la petite série. On pourrait appeler ça le sur-mesure. Mais dans le milieu de la HiFi c’est tout simplement la signature d’un objet d’exception. Autrement dit, un Graal réservé aux mélomanes… fortunés, puisque le très haut de gamme (la série M) peut atteindre un million d’euros.
La dernière Magico S5 est plus abordable : 105 000 euros. Alon Wolf, le créateur de Magico est venu en personne présenter ses nouvelles colonnes chez Paris Audio Conseil. L’écrin du Marais valait bien une visite. Et une rencontre, qui se fera après l’écoute d’une dizaine de morceaux en streaming sélectionnés par Alon Wolf lui-même.

En quoi la Magico S5 est-elle nouvelle par rapport à la S5 MkII ?
Alon Wolf : tout est différent. À part la topologie et le fait qu’il s’agisse d’une trois voies avec un tweeter de six pouces et deux de dix pouces. C’est une véritable nouvelle enceinte et non pas une simple évolution. Grâce à sa construction, cette nouvelle S5 est vraiment au-dessus de ce qu’était l’ancienne S5 MkII. Cependant, elle intègre beaucoup d’éléments qui ont déjà été introduits dans d’autres modèles comme le M9, le M7 ou la nouvelle S3.
Pour sa conception, vous avez utilisé un robot appelé Klippel Near-Field Scanner. Qu’apporte-t-il ?
A.W. : il permet une mesure acoustique entièrement automatisée du son direct émis par la source. Les essais sont réalisés dans des chambres d’écho, c’est-à-dire des grands espaces qui repoussent les limites du micro et du haut-parleur, de sorte que vous pouvez mesurer des fréquences de plus en plus basses. Dans une pièce « normale », le micro ne sait pas si c’est le haut-parleur ou si c’est le mur qui émet le son à cause de la réflexion sur les murs. Le gain de la pièce interagit avec la sortie des haut-parleurs et le micro ne sait plus qui est quoi. Cela devient donc un jeu de devinettes sur ce qui se passe réellement.
La pièce est donc aussi importante que l’appareil de mesure ?
A.W. : C’est la base. Vous devez accrocher les haut-parleurs à 20 m du bas, à 20 m du haut et à 20 m de chaque mur. Vous imaginez la taille de l’espace ! À ma connaissance, la plus grande pièce qui existe, la NRC au Canada, est seulement assez grande pour mesurer jusqu’à 150 Hz. Mais aucune ne mesure jusqu’à 20 Hz. Avec notre système, nous pouvons mesurer autant de points que nous le souhaitons sur n’importe quel axe. Le robot calcule le delta entre deux points. Et s’il voit une différence, c’est qu’il s’agit du bruit de la pièce. Il déduit donc le gain, car il connait la sortie réelle. Nous avons donc maintenant la possibilité de mesurer jusqu’à 20 Hz sûr et hors axe à 360 degrés. Nous obtenons une réponse complète en 24 heures. C’est donc une toute nouvelle façon de concevoir nos enceintes qui élève notre capacité de conception vers de nouveaux sommets. Nous faisons désormais des choses que nous n’étions jamais capables de faire auparavant. Et nous sommes les premiers
Vous êtes le seul au monde à utiliser ce robot ?
A.W. : non. Il y a trois scanners comme celui-ci au monde : un pour nous, un pour Apple et un pour Google. C’est tout. Qui d’autre l’utilise dans la HiFi haut de gamme ? Personne.

Votre objectif cible, c’est la réduction du bruit. Vous êtes satisfait ?
A.W. : oui. Et vous pouvez l’entendre. En fait, vous pouvez en entendre davantage. Cela devient une arme à double tranchant, car il faut s’assurer que tout s’aligne : le positionnement des enceintes dans la pièce, le matériel utilisé, etc.
Chez un particulier, cette différence est « entendable » ?
A.W. : c’est à vous d’organiser l’espace du mieux que vous pouvez. Moi, je vous donne le résultat final parfait. Ensuite, c’est à vous de jouer. Mais si je ne vous proposais pas le meilleur, alors il est sûr que vous n’obtiendrez jamais cette qualité.

Combien de temps a-t-il fallu pour créer ces nouvelles enceintes ?
A.W. : les gens me posent souvent cette question. Il est impossible d’y répondre. Nous utilisons des technologies qui ont déjà été développées pour d’autres produits. Concevoir une nouvelle enceinte est le fruit de toute l’expérience acquise et de toutes les connaissances accumulées. En revanche, à partir du moment où nous avons décidé que nous allions partir en production, il faut compter 18 mois au moins.
105 000 euros