Matt’s Guitar Shop : instruments de rockstars à collectionner…
John Frusciante (Red Hot Chili Peppers), Billy Gibbons (ZZ Top), Cliff Williams (ACDC), Slash (Guns N’Roses), Paul Stanley (Kiss)… La liste peut encore être longue tant le Matt’s Guitar Shop rime avec exception. Derrière tous ces grands noms, trône une guitare (ou une basse) sur les murs du shop de Matt. Pour atteindre la cinquième place mondiale du classement du média « All Guitar Network », le Matt’s Guitar Shop a dû composer avec risque, autonomie et passion. Ce sont ces trois mots qui guident Matt dans la réalisation de son rêve d’adolescent.
Étudiant, Matt ne rêve que de guitares et traîne dans le quartier parisien de Pigalle où s’agglutinent tous les magasins d’instruments. Après l’obtention de son baccalauréat, le jeune bachelier s’inscrit dans une faculté de droit. Pour autant, la passion du chasseur de trésors prend le pas sur ses études. Il cherche alors à faire de sa passion un métier. A Pigalle, Matt connaît la frustration dans certaines boutiques. En raison de son jeune âge, il ne peut toucher les guitares les plus chères que de ses yeux. Sa jeunesse le handicape aussi lorsqu’il tente de vendre des instruments à des amateurs plus âgés que lui. Ces expériences lui donnent alors l’idée d’un lieu où le débutant passionné et la superstar seront traités de la même manière.
Dans cette quête, le jeune étudiant se fait employer dans une pizzeria des Yvelines. Grâce à ses salaires, il commence à acheter diverses guitares qui rentrent dans son budget et à les revendre. De fil en aiguille, il traverse l’océan Atlantique et débarque seul à New York. C’est dans cette mégalopole qu’il rencontre – à 19 ans – Rudy Pensa. Coup de foudre amical presque paternaliste, le luthier initie Matt aux instruments d’exception. Le jeune homme découvre les plaisirs d’une Gibson Les Paul Standard de 1959, considérée comme le Stradivarius des guitares ou encore une Fender JazzMaster ayant appartenu à Jimi Hendrix.
Matt commence à créer un réseau de musiciens et d’acteurs du secteur à New York. Poursuivant son parcours, le neo-entrepreneur vend une guitare à un certain Max. Le fruit du destin crée aussi un coup de foudre amical entre les deux hommes. Cette fusion les pousse d’ailleurs à réfléchir au projet du Matt’s Guitar Shop. Max occupe aujourd’hui le rôle de collaborateur rapproché (péjoratif : il n’est pas associé car c’est comme cela que Matt me l’a présenté ? – sinon « Max est en fait le bras droit de Matt » plus flatteur).
Max est en fait le bras droit de Matt. Il est l’homme de toutes les fonctions, la pierre angulaire du Matt’s Guitar Shop. De la réception à la logistique en passant par l’entretien des guitares, tout passe entre ses mains.
Un showroom « cocon » pour tous les musiciens
Matt’s Guitar Shop repose sur un constat du jeune entrepreneur, qui remonte à un concert de U2 dans la capitale. The Edge, le guitariste du groupe souhaite alors se procurer un nouvel objet à six cordes. Difficile d’imaginer une superstar déambuler dans un magasin de musique ouvert à tout le monde, sans se faire poursuivre par une horde de fans. Du coup, c’est son luthier qui a dû choisir sa future acquisition.
Pour Matt il faut créer un cocon, un endroit à l’abri des regards où la super star – comme l’amateur – peut passer un moment privilégié. Pas une boutique, encore moins un magasin, juste un lieu magique et convivial, hors du temps et des regards indiscrets. L’idée est de permettre à tous, sur rendez-vous, d’essayer des instruments passionnants, sans le bourdonnement et le monde d’un magasin classique. Cette idée en tête et plusieurs années d’expérience aidant, Matt lie son réseau américain à son réseau francophone. De ces liaisons ressortent de grands noms avec lesquels il collabore aujourd’hui : Lenny Kravitz, Matthew Bellamy, Kiss ou Aerosmith…
Le Matt’s Guitar Shop se développe. Les guitares mythiques affluent. Qu’elles soient très anciennes, qu’elles aient appartenu à divers artistes, chacune connaît une histoire qui lui est propre. La guitare classique à cordes nylons de José Reyes (chanteur Manitas de Plata) de 1984, une très rare Gibson Les Paul de 1959 surnommée « Spot » (ayant appartenu a Joe Bonamassa) ou la Stratocaster du clip Can’t Stop des Red Hot Chili Peppers sont les premières « stars » accrochées au mur du shop. Le concept de ce cocon parisien est tellement novateur que les artistes font confiance à Matt. Ils le contactent directement lorsqu’ils souhaitent vendre des instruments. Gibson, qui est un pionnier mondial de la guitare redirige même certains de ses clients vers le Matt’s Guitar Shop pour la qualité de son expertise.
Faire jouer les guitares pour faire rêver
L’ objectif du Matt’s Guitar Shop n’est pas seulement celui de vendre des guitares exceptionnelles. Il s’agit surtout de la volonté de faire jouer ces instruments. Pour Matt, ils doivent vivre. C’est d’ailleurs un des rares objets qui survit à son propriétaire, malgré lui (pas sûr : montres, voitures…). Mais c’est plutôt un des rares objets qui peut faire revivre le son, l’esprit et le style de son ancien propriétaire.
Pour ce faire, Matt et Max prêtent aux artistes en tournée divers instruments, pour qu’ils retrouvent la lumière. A cette image s’associe l’épopée de la Fender Telecaster de Jeff Buckley, jouée par Myles Kennedy (chanteur d’Alter Bridge) un soir de concert à l’Olympia. Cette soirée de décembre 2019 se constelle de souvenirs inoubliables et d’hommages. Vingt-quatre ans auparavant, paraît « Live a l’Olympia », un album posthume de Jeff Buckley. C’est alors pris d’émotions que le chanteur d’Alter Bridge entonne, sur la même scène, avec la même guitare, la même chanson que Jeff Buckley précédemment. Grâce à ce moment, Myles Kennedy (également chanteur pour Slash des Guns N’Roses), a probablement réalisé un des plus grands rêves de sa vie. Matt’s Guitar Shop relève aussi le défi de faire rêver les mélomanes.
À cet égard, il est possible d’évoquer la surprise de Matt à Matthieu Chedid lors de son concert au Cirque d’Hiver pour le Baptême de Lettre Infinie (son dernier album), en février 2019. Le musicien français, aficionado de Jimi Hendrix s’est vu confier une des guitares du virtuose le temps d’un concert. Ici aussi, Matthieu Chedid ne peut oublier cette soirée pleine de magie. Définitivement, le Matt’s Guitar Shop – qui part du rêve d’un adolescent – devient un endroit à part où le temps suspend son vol. Une fois poussées les grandes portes de cet hôtel si particulier, place aux plaisirs des yeux et des oreilles, place à l’amour et à l’émotion, place à l’histoire et aux mythes. Bob Dylan, Dave Grohl, AC/DC et tous les autres peuvent être rassurés : leurs guitares sont entre de bonnes mains ! La musique est éternelle.