Paresse et tendresse aux Maldives
La rumeur va bon train : aux Maldives, il n’y a rien. Rien à voir, rien à faire, rien à découvrir. Justement. L’archipel aux 1 199 îles, plus célèbre pour ses bungalows sur pilotis que pour ses musées, ses salles de concert ou ses bistros étoilés, offre bien plus. L’ailleurs, la symphonie des bleus, des plongées magiques, l’espace, le silence et même, un nouvel art d’être soi… Bref, l’essentiel.

Pour en avoir le cœur net, découvrons. Amerrissage en douceur sur le lagon de Maamunagau, un îlot de l’atoll Raa, à 40 minutes d’hydravion de Malé, capitale du pays. Sur ce confetti, pousse un bouquet de cocotier. Il cache 81 habitations. Choisir entre celle qui ouvre directement sur la plage ou bien le fameux bungalow sur pilotis suspendu au-dessus d’une eau cristalline qui clapote entre vert jade et bleu saphir.

La première fois, on reste bouche bée. Ensuite, on s’habitue. La beauté, le charme d’une cachette pour Robinson, le plaisir de lâcher prise, de vivre pieds nus dans le sable… Enfin, on en redemande. Elle n’a qu’une envie, revenir. Bingo, lui aussi.

Totale intimité
InterContinental signe le séjour sur Maamunagau. Ici, la chaîne aux 222 adresses dans le monde, décline ses 5-étoiles sur le registre balnéaire. Karl Webster, directeur anglais rompu aux exigences du luxe tropical, veille à offrir le meilleur du répertoire. Service millimétré (aucune envie ne doit rester insatisfaite), restauration rayonnante (six tables et bars), activités nombreuses, impossibles à épuiser.

Plage ou pilotis, chaque habitation couvre une centaine de mètres carrés. Lit XXL, salle de bains avec douche pluie et baignoire, salon intérieur et extérieur, terrasse avec piscine, vue grand large et totale intimité grâce à l’espacement généreux entre bungalows que protègent de hautes palissades… On a connu pire, d’autant que chaque planque abrite une jolie cave à vins, histoire de stimuler les confidences à l’abri des étoiles. Sans oublier le WiFi (gratuit) qui permet d’épater le reste de l’humanité coincé dans les embouteillages de la vie ordinaire.

Sirènes de magazine
Un coup de fil, le buggy électrique déboule. A la demande, il dépose sur l’une des nombreuses plages du resort à moins de préférer les trois piscines dont une réservée aux adultes, disons aux sirènes de magazines veillées par leur bodyguard mal rasé. Cela dit, devant chaque porte, patientent deux bicyclettes, histoire de cultiver sa ligne en pédalant sur la piste de corail.

Sur un bon kilomètre, elle traverse l’atoll, depuis le plus éloigné des bungalows jusqu’à l’extrémité du royaume que marque un phare de cinéma. Son look Disney (réussi) triomphe à l’heure des baisers qui s’échangent dans les ors du couchant. Selfie façon bonheur sur Instagram ! On peut même prolonger au restaurant de cuisine méditerranéenne qu’abrite cette sentinelle du royaume enchanté.

Tempo inspiré
Demain, on dînera au Fish Market. A la carte, poissons et crustacés juste pêchés, servis dans une réplique de port à l’ancienne. Un brave chalutier plus vrai que nature est amarré au ponton, ses prises du jour tambourinent dans le vivier, les filets sèchent, les amarres pendouillent…

Tout fake, mais réjouissant, comme l’assiette avec laquelle on prend le large, hissez haut ! Un autre soir, on tentera le Teppanyaki, la table japonaise. Le chef, showman assumé, officie en direct devant les convives, il jongle avec couteaux et spatules, il invoque le feu comme s’il jaillissait du Fujiyama et fait danser poissons, wagyu, légumes, sauces…, sur un tempo inspiré. Bravo, chef, aligato !

Les raies de Raa
Paradis de bleus, les Maldives ont gagné leur réputation en devenant celui des plongeurs. L’InterContinental Maamunagau ne déroge pas. On peut, évidemment, se contenter de barboter devant son bungalow simplement équipé d’un masque et d’un tuba. Spectacle réjouissant, frisson simple, peut mieux faire.

Embarquer sur l’un des bateaux de la maison, cap sur le large. Le capitaine jette l’ancre à proximité d’un vaste plateau hérissé de patates de corail, percé de canyons et tapissé d’anémones multicolores. Tourbillonnent alors mille poissons, bande de minus fluos, pépères en balade, flèches argentées, jolis picassos, impavides chirurgiens, hippocampes indifférents, tortues fouineuses… Il y a foule sur cette scène qui n’arrête pas de s’inventer. Un régal. Soudain, passe une raie, elle traînasse telle un foulard de soie épousant les brises de passage. Une autre manta la rejoint et l’entraîne dans une promenade complice, avant de se perdre dans le bleu profond du monde des mystères.

Sortie de nuit
Le capitane et son matelot sont assez fiers d’assurer le « Show manta », la gloire de l’atoll. Ses environs en abritent plus de 300 (sur les 6 000 que compteraient les Maldives) et l’InterContinental héberge la Fondation en charge de leur protection. Ses animateurs expliquent la fragilité de la population (une naissance tous les deux à cinq ans), son intelligence, sa grâce, ses prudences. Le capitaine prend le relais, plongée simple ou avec bouteilles, sortie de nuit… en suggérant d’adopter une jeunette dont on suivra les aventures. La Fondation assure le lien.

Avec le cœur
Ainsi file la vie aux Maldives, d’essentiel en essentiel. Décrocher, rêvasser, petit-déjeuner, se baigner, bronzer, à nouveau se baigner, siester, s’habiller pour le dîner, l’admirer, le photographier, l’aimer. Rythmées par de tropicales douceurs, paresse et tendresse inventent la chanson du bonheur. Pas besoin de paroles, ses rimes s’inventent avec le cœur.

Pratique
Y aller. Pas de vols directs entre France et Maldives. Consulter Ethiad (escale à Abu Dhabi, www.ethiad.com), Air France (escale à Dubai, www.airfrance.fr), Emirates (escale à Dubai, www.emirates.com), Qatar Airways (escale à Doha, www.qatarairways.com). A partir de 1 000 euros AR (autour de 4 000 euros en classe Affaires) aux dates les moins courues.
Formalités. Pas de visa exigé mais déclaration d’arrivée à remplir avant le départ sur https://imuga.immigration.gov.mv/traveller

Bon à savoir. Quand il est midi en France, il est 16 heures aux Maldives en hiver et 15 heures en été. L’InterContinental ajoute une heure supplémentaire pour faire coïncider cocktail et coucher du soleil. L’importation d’alcool est interdite (les Maldives appliquent la charia) mais sa consommation est autorisée dans les hôtels. Paiement par carte de crédit, en euros ou en dollars.
Séjourner à l’InterContinental Maamunagau. A partir de 1 100 euros la nuit pour deux, tout compris, sauf boissons alcoolisées, certains plats à la carte et les activités. Attention, l’addition grimpe vite.
Réservations : www.maldives.intercontinental.com

À lire aussi :