Prochaine Escale

Une œuvre d’art horlogère signée Louis Vuitton et Kari Voutilainen

Dans le cadre de son partenariat avec des créateurs indépendants et après une première série réalisée avec Rexhep Rexhepi en 2023, le malletier fait désormais escale avec le maître horloger finlandais. Explications.

Par Arthur Frydman

Jean Arnault, qui a repris les montres Louis Vuitton en 2021, annonçait, fin 2022, l’une de ses réalisations phares : le Prix de la Montre Louis Vuitton. Le concours s’adresse à tous ceux qui aspirent à de plus grandes choses, en particulier à la créativité et à l’entrepreneuriat, dans le domaine de l’horlogerie indépendante. Les candidats peuvent être des horlogers, des designers, des entrepreneurs, des jeunes diplômés et des créatifs du monde entier. Le lauréat (dont le premier, Raùl Pagès, fut nommé début 2024) se voit offrir une bourse et un mentorat d’un an par La Fabrique du Temps Louis Vuitton, spécifiquement adaptés à son effort créatif.

Un an plus tard, soit en 2023, la division horlogère de Louis Vuitton dévoilait un second projet d’envergure : la création de séries (très) limitées de garde-temps, réalisées en partenariat avec des créateurs indépendants. Afin d’inaugurer cette association d’un nouveau genre, la maison dévoilait ainsi la LVRR-01, un étonnant chronographe à sonnerie à double face, édité à dix exemplaires du jeune horloger Rexhep Rexhepi. Chose inédite : c’était la première fois que l’on voyait le logo Louis Vuitton associé à celui d’une autre marque. En effet, sur le cadran en verre saphir, on retrouvait les initiales « LV » qui s’intégraient subtilement à « Akrivia », marquant la rencontre des deux maisons pour un voyage dans le temps exclusif.

Le maître horloger Kari Voutilainen

Deux ans après le début de cette nouvelle aventure horlogère, Louis Vuitton, sous la houlette de son directeur de l’horlogerie, Jean Arnault, vient d’annoncer le second volet de sa collaboration exclusive avec des horlogers indépendants de renom. Cette fois-ci, la marque a fait appel au Finlandais Kari Voutilainen, qui, pour l’anecdote, a débuté à Saint-Sulpice, en Suisse, en 2002, l’année où Louis Vuitton présentait sa première montre Tambour. Membre du comité d’experts du Louis Vuitton Watch Prize for Independent Creatives, Kari Voutilainen est bien connu des passionnés et toqués de haute horlogerie (ou du tic-tac) pour ses montres complexes aux finitions superbes, alliant horlogerie traditionnelle à des complications signatures. Ensemble, Louis Vuitton et Kari Voutilainen réinventent l’artisanat horloger à travers la LVKV-02 GMR 6, une montre d’exception entièrement assemblée à la main et éditée à seulement cinq exemplaires.


Fruit d’un partenariat avec le maître horloger Kari Voutilainen, la spectaculaire LVKV-02 GMR 6 est inspirée de l’univers du voyage

L’art du voyage

Depuis sa création, en 1854, Louis Vuitton a contribué à l’émergence d’un art de voyager pour globe-trotteurs modernes. La maison a perpétué cette poésie du voyage afin de réinventer les codes de la montre voyageuse destinée aux nomades du XXIe siècle. C’est ainsi qu’en 2014 est née la ligne horlogère Escale, une collection pensée pour les aventuriers des temps modernes à travers des complications liées au voyage. En 2024, pour ses dix ans, Escale a entamé une nouvelle épopée dans l’univers de l’horlogerie traditionnelle en s’offrant un nouveau visage : celui d’une montre unisexe à trois aiguilles, aussi épurée que sophistiquée. Sur ces Escale 2.0, on retrouve les codes emblématiques des fameuses malles Courrier commercialisées à partir de 1858. Les cornes rappellent les coins et les équerres en laiton rivetés des malles Louis Vuitton, tout comme la couronne octogonale frappée du Monogram et surmontée d’un dôme évoquant la forme des rivets.

Le cadran : une fusion remarquable du savoir-faire des deux maisons

Équipée d’une fonction GMT (dédiée aux grands voyageurs), c’est donc tout naturellement que la LVKV-02 GMR 6 s’inspire du design de l’Escale dévoilée l’an dernier. Elle se loge dans un boîtier de 40,5 mm (pour 12,54 mm d’épaisseur) conçu en tantale satiné, un métal extrêmement dur, lourd, sombre, brillant et ductile, particulièrement compliqué à travailler pour les horlogers. Cette complexité lui a valu le nom de Tantale, attribué en 1802 par le chimiste suédois Anders Ekelberg. Un choix établi en référence à la mythologie grecque et au calvaire imposé au fils de Zeus et de la nymphe Ploutô. Parce qu’il avait offensé les dieux, Tantale dut subir le supplice de ne pouvoir ni manger ni boire : les branches des arbres s’écartaient lorsqu’il tentait de saisir un fruit et l’eau refluait chaque fois qu’il essayait d’épancher sa soif. Aujourd’hui, le supplice a laissé la place au délice de posséder une montre hors du commun… Cela étant dit, revenons à la montre dont la lunette, les cornes, le fond en saphir gravé de l’inscription « Louis cruises with Kari » et la couronne octogonale sont, quant à eux en platine.


Le fond du boîtier arbore la mention gravée « Louis cruises with Kari », renforçant le caractère unique de la pièce.

Concernant le cadran, son pourtour est orné d’un anneau circulaire brossé gris foncé avec des minutes en pointillés. On retrouve ensuite l’esthétique classique de la collection Escale, avec un tour d’heures poli-diamanté, paré de peintures miniatures réalisées par Maryna Bossy, une artisan de La Fabrique des Arts, l’atelier des métiers d’art de Louis Vuitton.


Le cercle des heures, poli-diamanté, est un chef-d’œuvre de peinture miniature, décoré à la main par Maryna Bossy, une talentueuse artisan de La Fabrique des Arts

Le motif en losange est réalisé avec 28 couleurs différentes, toutes appliquées séparément à la main. Il nécessite à lui seul 32 heures de peinture et 8 heures de cuisson. Ce dernier a été créé dans un style rappelant les vitraux anciens, avec des chiffres romains en or blanc appliqués sur le dessus, dans le goût de Kari Voutilainen.


Le cadran implique l’utilisation de 28 couleurs différentes et nécessite 32 heures
de peinture méticuleuse pour un total de huit heures de cuisson.

Quant à la base en or massif du cadran, elle a été guillochée à la main par l’atelier de Voutilainen et ornée d’un motif d’écailles. Ce même atelier a également façonné le disque du Soleil et de la Lune servant d’indicateur jour/nuit sur le sous-cadran du second fuseau horaire présent à 6 heures.


Le sous-cadran du second fuseau horaire est orné, quant à lui, d’une représentation de la Lune et du Soleil réalisé par l’Atelier Voutilainen. 

Ce compteur a d’abord été gravé à la main, puis émaillé avec un effet dégradé. Sur celui-ci, qui comprend aussi un sous-cadran de la petite seconde, les plus attentifs remarqueront les formes dissimulées de la fameuse fleur de Monogram chère à Louis Vuitton. Enfin, notons la présence, à 12 heures, d’un indicateur de réserve de marche rétrograde qui, avec les aiguilles en acier bleui et en or blanc, complètent l’ensemble qui présente un nouveau logo spécialement conçu pour l’occasion, combinant le logo Louis Vuitton classique avec le nom Voutilainen.

Pour terminer, un mot sur le moteur qui anime la LVKV-02 GMR 6. À l’intérieur de ce nouvel ovni horloger, bat un mouvement GMT à remontage manuel développé par Kari Voutilainen, doté de deux roues d’échappement à impulsion directe. Le « R » de la GMR-6 fait référence à l’indicateur de réserve de marche, tandis que le « 6 » indique l’emplacement du compteur du second fuseau horaire.


 Les artisans ont ainsi consacré environ 16 heures à la mise en couleur du cliquet en utilisant 27 tonalités différentes.

Composé de 254 composants, ce calibre est fabriqué en maillechort pour la platine et les ponts, ainsi que pour les roues en or massif. Il est fabriqué en interne dans l’atelier Voutilainen et offre 65 heures de réserve de marche. Quid des finitions ? « LV » et Kari Voutilainen ne lésinent pas sur ces dernières. On retrouve des Côtes de Genève et du perlage sur la platine, de larges anglages réalisés à la main, ainsi qu’un pont de balancier noir poli et arrondi.

Le mouvement est décoré de finitions traditionnelles, tels le perlage et les Côtes de Genève

Autrement dit, tout ce que l’on peut attendre d’un mouvement de haut niveau. Mais Louis Vuitton apporte sa touche personnelle au calibre, avec le couvercle du ressort moteur en or blanc orné d’une peinture miniature multicolore réalisée à La Fabrique des Arts, avec 27 couleurs de peinture différentes et cinq passages au four.

Chaque mouvement est une œuvre d’art unique, ornée d’un motif kaléidoscopique de peinture miniature multicolore sur le barillet, visible à travers le fond transparent. 

Un véritable bijou horloger pour lequel il faudra compter pas moins de 550 000 euros. La passion n’a pas (ou jamais) de prix n’est-ce-pas ?

Édition limitée à 5 pièces – 550 000 euros

Consulter la fiche technique de la LVKV-02 GMR 6.

LE SITE LOUIS VUITTON

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