{"lien_WSTV":"","tax_name":"deprecated","tax_rate":20,"id_manufacturer":"0","id_supplier":"0","id_category_default":"491","id_shop_default":"1","manufacturer_name":false,"supplier_name":false,"name":"La Symbolique des Laques","description":"<p><strong>Collection M\u00e9tiers d\u2019Art \u2013 La symbolique des laques<\/strong><br \/><br \/>Il n\u2019y a pas chez Vacheron Constantin d\u2019homme qui puisse ignorer ce qu\u2019est la passion pour la belle horlogerie. Car sans passion, il n\u2019y a pas d\u2019exigence v\u00e9ritable. Et si le Cabinotier d\u2019autrefois a disparu, dans les couloirs de la manufacture, pr\u00e8s des \u00e9tablis, demeure la m\u00e9moire de ces hommes dont aujourd\u2019hui chaque horloger, chaque artisan, par le geste, fait revivre le langage de l\u2019esprit et perp\u00e9tue le savoir-faire.<br \/><br \/>Car le temps, c\u2019est aussi la m\u00e9moire. Etre fid\u00e8le \u00e0 ces visionnaires et virtuoses de l\u2019\u00e9poque demeure sans aucun doute l\u2019une des grandes qualit\u00e9s de Vacheron Constantin. L\u2019\u00e9thique et l\u2019obligation d\u2019excellence qui anime chaque membre de la manufacture a fait l\u2019homog\u00e9n\u00e9it\u00e9 de la Maison depuis plus de 250 ans. Adopter la philosophie de ses pr\u00e9d\u00e9cesseurs, lorsqu\u2019elle contient cet humanisme indispensable, apporte une forme d\u2019\u00e9panouissement que peu connaissent.<br \/><br \/>Ce profond engagement de Vacheron Constantin pour la transmission et la valorisation des m\u00e9tiers horlogers \u2013 et en particulier ceux des M\u00e9tiers d\u2019Art qui rassemblent la quintessence des savoir-faire dans le domaine tr\u00e8s particulier des arts d\u00e9coratifs appliqu\u00e9s \u00e0 la cr\u00e9ation horlog\u00e8re (\u00e9mailleur, graveur, guillocheur et sertisseur) \u2013 continue de se poursuivre aujourd\u2019hui au travers de garde-temps, v\u00e9ritables oeuvres d\u2019art, dont seuls quelques ma\u00eetres et artisans ont encore dans leurs ateliers le secret de fabrication.<br \/><strong><br \/>La collection M\u00e9tiers d\u2019Art\u2026 L\u00e0 o\u00f9 le savoir de l\u2019esprit habite la main qui donne vie \u00e0 l\u2019objet, l\u2019homme offre une \u00e2me \u00e0 chacune de ses cr\u00e9ations.<\/strong><br \/><br \/>Lorsque Vacheron Constantin institutionnalise en 2004 la collection M\u00e9tiers d\u2019Art avec la s\u00e9rie limit\u00e9e de garde-temps Hommage aux Grands Explorateurs, la manufacture illustre une volont\u00e9 farouche de p\u00e9renniser l\u2019une de ses valeurs fondamentales, la transmission des traditions artisanales des M\u00e9tiers d\u2019Art de la Haute Horlogerie.<br \/><br \/>Ainsi, pour la naissance de cette collection, chacun dans son domaine, virtuoses de leur art et passionn\u00e9s, les ma\u00eetres horlogers ont combin\u00e9 leurs talents avec les ma\u00eetres \u00e9mailleurs, alliant techniques anciennes et modernes de leur m\u00e9tier respectif, pour donner naissance \u00e0 des montres exceptionnelles, tant en mati\u00e8re de m\u00e9canique que d\u2019esth\u00e9tisme, au travers d\u2019un mouvement brevet\u00e9 offrant une lecture du temps \u00e9tonnante et d\u2019un cadran sublim\u00e9 par un art ancestral et complexe: l\u2019\u00e9mail Grand Feu.<br \/><br \/>De ce m\u00eame principe, la collection M\u00e9tiers d\u2019Art \u2013 Les Masques \u2013 dont le premier coffret a \u00e9t\u00e9 pr\u00e9sent\u00e9 en 2007 \u2013 illustrera elle aussi \u00e0 la perfection la combinaison des talents et des savoirfaire, cette fois-ci entre ma\u00eetres horlogers et ma\u00eetres graveurs qui, travaillant main dans la main, ont donn\u00e9 naissance \u00e0 des garde-temps, v\u00e9ritables invitations \u00e0 voyager dans le temps et l\u2019espace, \u00e0 la recherche des racines de l\u2019homme, et \u00e0 se pencher sur l\u2019une des plus belles expressions de son \u00e2me.<br \/><br \/><strong>Rencontre entre Vacheron Constantin qui a f\u00eat\u00e9 ses 250 ans d\u2019activit\u00e9 \u00e0 Gen\u00e8ve en 2005, Et Z\u00f4hiko qui soufflera ses 350 bougies d\u2019existence \u00e0 Kyoto en 2011\u2026 Plus de 600 ann\u00e9es d\u2019histoire cumul\u00e9e.<\/strong><br \/><br \/>L'immense r\u00e9sonance que la collection M\u00e9tiers d\u2019Art Les Masques issue de la rencontre entre Vacheron Constantin et le Mus\u00e9e Barbier-Mueller de Gen\u00e8ve a confort\u00e9 la manufacture horlog\u00e8re dans sa conviction : aujourd'hui plus que jamais, il importe de conjuguer les m\u00e9tiers de la culture et des arts avec la plus haute qualit\u00e9 technique de l\u2019art horloger.<br \/><br \/>Cette combinaison des talents joignant virtuosit\u00e9 et pr\u00e9cision tant techniques que d\u00e9coratives, est l'illustration parfaite des valeurs fondamentales de Vacheron Constantin : la qu\u00eate de l'excellence, le soutien de la cr\u00e9ativit\u00e9, l'ouverture au monde, le respect et la transmission des traditions, et enfin le partage de la passion.<br \/><br \/>Ouvrant un nouvel horizon \u00e0 l\u2019alliance entre technique horlog\u00e8re et technique d\u00e9corative, la manufacture propose pour la premi\u00e8re fois une collection M\u00e9tiers d'Art dont une partie de la production quitte le sol genevois pour venir d\u2019un autre continent. Et c'est un ailleurs lointain, puisque derri\u00e8re le terme myst\u00e9rieux de maki-e se cache le fleuron des techniques ancestrales et traditionnelles de la laque japonaise.<br \/><br \/><strong>Naissance de la collection \u00ab M\u00e9tiers d\u2019Art \u2013 La symbolique des laques \u00bb<\/strong><br \/><br \/>Dans les tiroirs de son d\u00e9partement Cr\u00e9ation, Vacheron Constantin avait depuis longtemps le projet d'une conjonction entre maki-e et horlogerie. Mais ce projet n'avait encore jamais trouv\u00e9 l'\u00e9tincelle qui lui ferait prendre vie. Cette \u00e9tincelle viendra de la maison Z\u00f4hiko qui portait la m\u00eame aspiration en miroir : parvenir \u00e0 combiner les talents des arts horlogers \u00e0 celui des arts de la laque.<br \/><br \/>La r\u00e9f\u00e9rence aux \"Masques\" n'est pas fortuite : c'est l'audace tant technique qu'artistique, et la beaut\u00e9 de cette collection qui encouragera Z\u00f4hiko \u00e0 se faire conna\u00eetre aupr\u00e8s de Vacheron Constantin pendant l'automne 2007 pour \u00e9tudier la possibilit\u00e9 d'une collaboration.<br \/><br \/>S'il y a dans toute rencontre une part de hasard et de chance, la cr\u00e9ation d'une v\u00e9ritable relation ne peut se faire que sur la base d'affinit\u00e9s profondes et le partage de valeurs communes. Celles-ci se sont d\u00e9velopp\u00e9es imm\u00e9diatement entre les deux maisons, porteuses toutes deux du m\u00eame respect fondamental des traditions culturelles, techniques et artistiques. Vacheron Constantin est le d\u00e9positaire d'une lign\u00e9e ininterrompue depuis 1755, et Z\u00f4hiko est \u00e9galement le d\u00e9positaire d\u2019une lign\u00e9e fond\u00e9e en 1661. A elles deux, elles cumulent 600 ans d'exp\u00e9rience et de savoir-faire.<br \/><br \/>Mais avant tout, cette collection est une aventure humaine. C\u2019est un voyage et une d\u00e9couverte d\u2019un audel\u00e0 inconnu o\u00f9 savoir-faire et innovation se rejoignent au plus haut point. De cette rencontre entre les hommes d\u2019une des plus anciennes maisons japonaises de laque Z\u00f4hiko \u8c61\u5f66, sise \u00e0 Ky\u00f4to depuis sa fondation en 1661, et ceux de la plus ancienne manufacture d\u2019horlogerie du monde en production ininterrompue \u00e0 Gen\u00e8ve depuis sa fondation en 1755 - Vacheron Constantin - na\u00eet un singulier porteur des m\u00eames valeurs fondamentales : la collection M\u00e9tiers d\u2019Art \u2013 La symbolique des laques.<br \/><br \/><strong>Trois ans, neuf motifs, soixante coffrets<\/strong><br \/><br \/>Fid\u00e8le \u00e0 l'esprit de la collection M\u00e9tiers d'Art, la s\u00e9rie de montres M\u00e9tiers d\u2019Art \u2013 La symbolique des laques se d\u00e9clinera sur trois ans, chaque ann\u00e9e donnant naissance \u00e0 un nouveau coffret de trois montres en s\u00e9rie limit\u00e9e \u00e0 seulement vingt exemplaires.<br \/><br \/>Chaque volet pr\u00e9sentera des motifs choisis pour les cadrans, r\u00e9alis\u00e9s avec la technique du maki-e, dans l'immense r\u00e9servoir symbolique des traditions artistiques d'Extr\u00eame-Orient. C'est ainsi que tout motif, qu'ils soient d\u00e9riv\u00e9s du monde animal, v\u00e9g\u00e9tal ou min\u00e9ral, est porteur de signification et est susceptible d'\u00eatre combin\u00e9 avec un autre : des figures divines ou h\u00e9ro\u00efques sont associ\u00e9es \u00e0 des animaux, ces animaux \u00e0 des plantes, ces plantes \u00e0 des vertus ou \u00e0 des qualit\u00e9s abstraites, etc. Souvent, ces motifs renvoient \u00e0 des oeuvres litt\u00e9raires, des po\u00e8mes ou encore des l\u00e9gendes.<br \/><br \/>D\u2019un point de vue horloger, c\u2019est le l\u00e9gendaire calibre extra-plat 1003 qui a \u00e9t\u00e9 choisi par Vacheron Constantin pour \u00e9quiper cette s\u00e9rie de garde-temps. C\u2019est une version squelette du mouvement construit en or 14 carats que l\u2019on retrouve ici. Toutefois, pour magnifier l\u2019harmonie de l\u2019ensemble et veiller \u00e0 ce que le travail du maki-e soit bien mis en avant, Vacheron Constantin a \u00e9t\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 opter pour un traitement ruth\u00e9nium qui \u2013 calmant l\u2019\u00e9clat naturel de l\u2019or - offre un effet des plus \u00e9l\u00e9gants \u00e0 la montre. Les glaces saphir sur les deux faces permettent d\u2019admirer les finitions exceptionnelles, notamment le travail d\u2019anglage, r\u00e9alis\u00e9es dans les ateliers de la manufacture genevoise.<br \/><br \/>Quant \u00e0 la bo\u00eete ronde d\u2019une apparente simplicit\u00e9, elle a \u00e9t\u00e9 dessin\u00e9e dans des lignes d\u2019une sobri\u00e9t\u00e9 exemplaire qui confine \u00e0 l\u2019\u00e9pure, respectant l\u2019esprit zen de la collection M\u00e9tiers d\u2019Art \u2013 La symbolique des laques.<br \/><br \/><strong>Le th\u00e8me de la long\u00e9vit\u00e9<\/strong><br \/><br \/>Le premier coffret d\u00e9clinera le th\u00e8me de la long\u00e9vit\u00e9 dans la tradition extr\u00eame-orientale avec \u00ab Les Trois amis de l'hiver\" \u2013 Saikan no sany\u00fb \u6b73\u5bd2\u4e09\u53cb - le pin, le bambou et le prunier. Ce trio classique de la symbolique chinoise est pass\u00e9 tr\u00e8s t\u00f4t au Japon o\u00f9 il est tout aussi populaire que dans son pays d'origine. Par leur capacit\u00e9 \u00e0 r\u00e9sister \u00e0 la rigueur des grands froids, les \"Trois amis de l'hiver\" repr\u00e9sentent avant tout la long\u00e9vit\u00e9. Par extension, ils sont aussi associ\u00e9s \u00e0 la loyaut\u00e9 d'une amiti\u00e9 survivant aux moments difficiles que symbolise l\u2019hiver.<br \/><br \/>Les pins sont v\u00e9n\u00e9r\u00e9s pour leur \u00e2ge et leur force. Ils sont aussi tenus en haute estime car ils restent verts en hiver. Le bambou, quant \u00e0 lui, est per\u00e7u comme un parfait gentleman, souple face aux changements, mais sans jamais abandonner son id\u00e9al : d\u00e8s que la tourmente est pass\u00e9e, il regagne sa position initiale. Quant au prunier, il est respect\u00e9 parce qu\u2019il est le premier arbre \u00e0 fleurir encore au coeur de l\u2019hiver, et qu\u2019il est l\u2019arbre fruitier \u00e0 la plus longue vie. L\u2019id\u00e9al de l\u2019homme lettr\u00e9 chinois et japonais \u00e9tait d\u2019\u00eatre \u201cfort comme le pin, r\u00e9sistant comme le bambou et pur comme le prunier\u201d.<br \/><br \/><strong>Chacun des \"Trois amis de l'hiver\" a pour compagnon un oiseau auquel il est combin\u00e9 par paire.<\/strong><br \/><br \/>Ainsi, le pin au grand \u00e2ge est li\u00e9 \u00e0 la grue dont la blancheur rappelle le cumul des ann\u00e9es. Le bambou est associ\u00e9 au moineau dont l'activit\u00e9 sans rel\u00e2che symbolise la vitalit\u00e9 du bambou toujours renaissant. Enfin, le prunier et le rossignol japonais sont repr\u00e9sent\u00e9s ensemble car tous deux c\u00e9l\u00e8brent l'arriv\u00e9e du printemps, l'un par ses fleurs pr\u00e9coces, l'autre par son chant. <br \/><br \/>C'est cette double combinaison de trois motifs que Vacheron Constantin a choisi en \u00e9troite relation avec Z\u00f4hiko. Chaque montre est ainsi dot\u00e9e d'un double cadran en laque travaill\u00e9e dans la technique maki-e. Le motif principal de l'arbre sur le dessus de la montre est doubl\u00e9 du motif de l'oiseau sur son revers, faisant ainsi face au poignet. En cela aussi, le choix de Vacheron Constantin rejoint une tradition japonaise, puisque nombre d\u2019objets de laques japonais sont d\u00e9cor\u00e9s m\u00eame sur leurs surfaces cach\u00e9es comme par exemple l'int\u00e9rieur des couvercles ou les fonds de bo\u00eetes.<br \/><br \/><strong>La montre Prunier et Rossignol Japonais - Ume to uguisu \u6885\u3068\u9d2c<\/strong><br \/><br \/> Le prunier est connu avant tout pour l\u2019\u00e9closion au coeur de l\u2019hiver de ses d\u00e9licates fleurs blanches \u00e0 peine teint\u00e9es de rose. Leur parfum subtil se r\u00e9pand au plus froid des mois d\u2019hiver, et fait na\u00eetre les premiers espoirs de printemps. Bien que ni le prunier, ni ses fleurs, ne soient d\u2019une magnificence particuli\u00e8re, ils sont d\u2019un caract\u00e8re si frais et si exquis qu\u2019ils enchantent l\u2019esprit au milieu de la d\u00e9solation de l\u2019hiver. Le prunier sert ainsi de m\u00e9taphore \u00e0 la beaut\u00e9 int\u00e9rieure et l\u2019humilit\u00e9 face \u00e0 l\u2019adversit\u00e9 du monde.<br \/><br \/> L\u2019association du prunier et du rossignol japonais semble \u00eatre un d\u00e9veloppement plus particuli\u00e8rement japonais. Ils sont tous deux les premiers messagers du printemps : le premier chant du rossignol japonais est appel\u00e9 \u00ab premier son de l\u2019ann\u00e9e\u00bb, hatsune \u521d\u97f3. Les r\u00e9f\u00e9rences po\u00e9tiques o\u00f9 prunier et rossignol japonais sont associ\u00e9s sont innombrables. Souvent, elles sont aussi associ\u00e9es \u00e0 la neige, puisque les pruniers fleurissent souvent si t\u00f4t que les fleurs de prunier semblent se confondre avec les flocons de neige.<br \/><br \/><strong>Qu\u2019est ce que le maki-e '<\/strong><br \/><br \/>Maki-e \u8494\u7d75 - qui veut dire \"image sem\u00e9e\" - repr\u00e9sente la technique la plus sophistiqu\u00e9e de l\u2019art de la laque, d\u00e9signant un travail d\u00e9coratif o\u00f9 la poussi\u00e8re d'or ou d'argent est d\u00e9licatement saupoudr\u00e9e sur de la laque encore humide, g\u00e9n\u00e9ralement noire, pour cr\u00e9er le motif.<br \/><br \/>La laque provient de la s\u00e8ve de l'arbre \u00e0 laque Rhus verniciflua. Apparent\u00e9 au sumac v\u00e9n\u00e9neux, il vient \u00e0 l'origine des hauts plateaux d'Asie centrale ou du Tibet. Aujourd'hui, l'arbre \u00e0 laque ne pousse qu'en Chine du Sud, en Cor\u00e9e, au Vietnam et au Japon, mais il semble qu'il aurait \u00e9t\u00e9 jadis beaucoup plus r\u00e9pandu. En japonais, le nom de la mati\u00e8re et celui de l'arbre se confondent : urushi \u6f06. L'id\u00e9ogramme compos\u00e9 des cl\u00e9s de l'arbre et de l'eau de l'homme donne une image fid\u00e8le de ce qu'il d\u00e9crit.<br \/><br \/>Les techniques de laque varient en fonction des pays, des qualit\u00e9s de laque, et de l'usage auquel sont destin\u00e9s les objets. Les trois cat\u00e9gories les plus repr\u00e9sentatives des arts de la laque sont la gravure, les incrustations et le maki-e.<br \/><br \/>L'\u00e9ventail de possibilit\u00e9s est presque infini, et l'invention japonaise du maki-e dans ses diff\u00e9rentes variations repr\u00e9sente l'un des mariages les plus remarquables de ma\u00eetrise technique et de sophistication esth\u00e9tique dans l'histoire de l'art. Cette technique d\u00e9corative est d\u00e9velopp\u00e9e tr\u00e8s t\u00f4t dans l'histoire japonaise. Elle arrive \u00e0 pleine maturit\u00e9 artistique entre le VIII\u00e8me et XII\u00e8me si\u00e8cle de notre \u00e8re pour devenir l'ornementation pr\u00e9dominante \u00e0 partir du XVII\u00e8me si\u00e8cle et le rester \u00e0 ce jour. Elle ne semble pas avoir \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9e en Chine - ou en avoir tr\u00e8s t\u00f4t disparue. En revanche, elle y \u00e9tait tr\u00e8s pris\u00e9e comme en t\u00e9moignent les nombreuses commandes pass\u00e9es depuis le continent au cours des si\u00e8cles. Le maki-e lui-m\u00eame a donn\u00e9 lieu \u00e0 une floraison de techniques qui lui sont propres. D\u00e8s le milieu du X\u00e8me si\u00e8cle, cette technique d\u00e9passe de loin toutes ses rivales, et leur est largement pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e pour sa finesse d'ex\u00e9cution, son caract\u00e8re tout \u00e0 la fois pr\u00e9cis et vaporeux, et l'immense po\u00e9sie qui s'en d\u00e9gage.<br \/><br \/>L'une des plus grandes beaut\u00e9s de la laque est qu'elle orne les objets les plus pr\u00e9cieux comme les plus quotidiens. Bols et vaisselle de laque traversent les si\u00e8cles, tout comme les bo\u00eetes aux usages de forme multiple : bo\u00eetes \u00e0 documents, bo\u00eetes \u00e0 th\u00e9, \u00e0 encens, \u00e0 pinceaux, \u00e0 encre, \u00e0 cartes, \u00e0 m\u00e9dicaments, etc. Si de tous temps, il y a eu du mobilier de laque, la pr\u00e9f\u00e9rence va malgr\u00e9 tout presque toujours aux objets de petite taille, \u00e0 un travail de perfection dont la minutie est un enchantement.<br \/><br \/><strong>La Maison Z\u00f4hiko<\/strong><br \/><br \/>En 1661, Yasui Shichibei \u5b89\u4e95\u4e03\u5175\u885b (1632-1692) ouvre un magasin vendant des laques et des produits chinois, qu'il nomme \"A l'Ivoire\", Z\u00f4geya \u8c61\u7259\u5c4b. Son successeur est Kusunoki Jihei \u6960\u6cbb\u5175\u885b (1659-1714), qui se concentre d\u00e9sormais sur les laques. Le magasin restera dans la famille pour cinq g\u00e9n\u00e9rations, avant d'\u00eatre transmis \u00e0 Nishimura Hikobei \u897f\u6751\u5f66\u5175\u885b (1719-1773), alors chef de production, par manque d'h\u00e9ritiers dans la branche Kusunoki. Kusunoki Jir\u00f4bei \u6960\u6cbb\u90ce\u5175\u885b(1723-1784) l\u00e9gua \u00e0 son premier commis non seulement le magasin, mais aussi le soin des tombes de sa famille, cr\u00e9ant ainsi un lien de filiation ins\u00e9cable. Depuis cette \u00e9poque jusqu'\u00e0 ce jour, la Maison Z\u00f4hiko est tenue par des membres de la famille Nishimura qui reprennent \u00e0 chaque fois le pr\u00e9nom du fondateur. Le directeur actuel de Z\u00f4hiko est ainsi le neuvi\u00e8me Nishimura Hikobei.<br \/><br \/>Le troisi\u00e8me Hikobei (1806-1875) re\u00e7ut de l'Empereur le titre de \"Ma\u00eetre en maki-e\" pour l'excellence de son travail. L'une de ses pi\u00e8ces les plus remarquables est un panneau en maki-e repr\u00e9sentant le bodhisattva Fugen sur un \u00e9l\u00e9phant blanc. L'histoire dit que la population de Ky\u00f4to fut si s\u00e9duite par la beaut\u00e9 de cette image qu'elle la nomma le \"panneau de Z\u00f4hiko\". \"Z\u00f4\" signifiant l'\u00e9l\u00e9phant et \"Hiko\" reprenant la premi\u00e8re partie du pr\u00e9nom de \"Hikobei\". C'est l\u00e0, l'origine du nom de la Maison Z\u00f4hiko.<br \/><br \/>La Maison Z\u00f4hiko entretient des liens de longue date avec la Cour imp\u00e9riale japonaise. Le quatri\u00e8me Hikobei (1806-1875) en \u00e9tait l'un des fournisseurs officiels et le directeur actuel a r\u00e9alis\u00e9 le si\u00e8ge officiel de l'Empereur r\u00e9gnant. Les premi\u00e8res exportations de l\u2019atelier datent de la toute fin du XIX\u00e8me si\u00e8cle en conjonction avec l'ouverture du Japon au monde ext\u00e9rieur suite \u00e0 la Restauration de Meiji. Cette nouvelle ampleur donn\u00e9e \u00e0 la Maison est l'oeuvre du huiti\u00e8me Hikobei (1887-1965). Il fut unanimement consid\u00e9r\u00e9 comme un pionnier de l'industrie de la laque. Il fonda \u00e9galement une \u00e9cole de maki-e qui devint une r\u00e9f\u00e9rence pour de nombreux artistes sp\u00e9cialistes de la laque.<br \/><br \/>La longue histoire de Z\u00f4hiko refl\u00e8te une tradition d'excellence sans pareille dans le respect \u00e0 la fois d'une continuit\u00e9 artistique et d'une cr\u00e9ativit\u00e9 toujours renouvel\u00e9e. Tout en cultivant une tradition d\u00e9j\u00e0 plus que mill\u00e9naire, Z\u00f4hiko est ouverte sur le monde. Le partage avec Vacheron Constantin a donn\u00e9 lieu \u00e0 une collaboration d'une intensit\u00e9 extraordinaire dont le fruit porte le nom de collection M\u00e9tiers d\u2019Art \u2013La symbolique des laques.<br \/><br \/><strong>Vacheron Constantin et le Japon\u2026 Une relation de tr\u00e8s longue dur\u00e9e<\/strong><br \/><br \/>C\u2019est aux environs des premi\u00e8res ann\u00e9es 1800 qu\u2019un \u00e9minent historien de l\u2019horlogerie Alfred Chapuis situe les premiers contacts commerciaux de Vacheron Constantin avec l\u2019Asie et la Chine en particulier (dans son ouvrage de r\u00e9f\u00e9rence paru en 1919 \u00ab La Montre chinoise \u00bb). Ailleurs dans le monde, \u00e0 la m\u00eame \u00e9poque, la Maison est pr\u00e9sente en Am\u00e9rique du Sud avec un repr\u00e9sentant install\u00e9 de fa\u00e7on permanente au Br\u00e9sil. En Russie, elle fournit r\u00e9guli\u00e8rement la Cour imp\u00e9riale, et en 1847, c'est le march\u00e9 de l'Inde qui lui ouvre ses portes.<br \/><br \/>A cette \u00e9poque, le Japon est encore ferm\u00e9 \u00e0 presque tout contact ext\u00e9rieur. En effet, entre le d\u00e9but du XVII\u00e8me et le milieu du XIX\u00e8me si\u00e8cle, le gouvernement militaire des sh\u00f4guns veilla \u00e0 ce que le pays soit presque enti\u00e8rement coup\u00e9 du monde. Ce n'est qu'\u00e0 partir de 1854, sous la pression am\u00e9ricaine, que les premiers trait\u00e9s commerciaux sont conclus avec l'Occident. Les choses iront d\u00e8s alors tr\u00e8s vite. Les r\u00e9percussions se feront bien entendu sentir jusqu'en Suisse.<br \/><br \/>En 1862, le Conseil F\u00e9d\u00e9ral d\u00e9cide d'envoyer une d\u00e9l\u00e9gation suisse au Japon et convie \"M. Vacheron, Fabricant d'horlogerie\" \u00e0 une r\u00e9union pr\u00e9paratoire. Le 6 f\u00e9vrier 1864, la Suisse signe son premier document officiel avec le Japon : il s'agit d'un trait\u00e9 de commerce permettant notamment aux ressortissants suisses de s'\u00e9tablir dans les ports ouverts du pays.<br \/><br \/>D\u00e9j\u00e0 \u00e0 cette \u00e9poque, la Maison Vacheron Constantin \u00e9tait tenue en haute estime au Japon car en 1867, l'ann\u00e9e m\u00eame de son intronisation, l'Empereur Meiji avait pr\u00e9vu de visiter les ateliers de la fabrique lors de sa visite \u00e0 Gen\u00e8ve. Une invitation de derni\u00e8re minute chez M. de Rothschild le retiendra.<br \/><br \/>En 1884, le Japon adopte l'heure universelle alors que la Suisse ne rejoint les rangs qu'en 1892, et la France en 1911! Jusque-l\u00e0, le Japon comptait les heures de mani\u00e8re in\u00e9gale entre le jour et la nuit et selon les saisons. Les horloges japonaises, wadokei \u548c\u6642\u8a08, \u00e9taient donc de conception diff\u00e9rente des horloges occidentales. L'adoption de l'heure universelle est ainsi plus qu'un simple ajustement, et fait partie de la v\u00e9ritable r\u00e9volution culturelle dans laquelle s'engage le Japon en entrant dans l\u2019\u00e8re moderne.<br \/><br \/><strong>Le \"genre Japon\"<\/strong><br \/><br \/>En 1906, Vacheron Constantin ouvre sa premi\u00e8re boutique en l'Ile au coeur de Gen\u00e8ve. D\u00e8s le d\u00e9but, une client\u00e8le japonaise r\u00e9guli\u00e8re et exigeante se construit, constitu\u00e9e tant de visites de passage que de commandes depuis le Japon.<br \/><br \/>A partir de 1917, Vacheron Constantin est repr\u00e9sent\u00e9 au Japon m\u00eame dans les trois villes de T\u00f4ky\u00f4, Y\u00f4kohama et K\u00f4be. Les premi\u00e8res montres envoy\u00e9es sont des chronom\u00e8tres de marine. Tr\u00e8s rapidement, il s'av\u00e8re que la client\u00e8le japonaise a des go\u00fbts si pr\u00e9cis et affirm\u00e9s qu'il se d\u00e9veloppe un v\u00e9ritable code esth\u00e9tique qualifi\u00e9 de \"genre Japon\" avec des montres plates et sobres, \u00e9l\u00e9gantes, avec une pr\u00e9f\u00e9rence pour les couleurs blanche et argent.<br \/><br \/>La fin du XIX\u00e8me et le d\u00e9but du XX\u00e8me si\u00e8cle marquent la grande \u00e9poque du \u00ab japonisme \u00bb en Europe dans le sillon des expositions universelles de Paris o\u00f9 les arts du Japon font fureur. Ferdinand Verger et ses descendants, repr\u00e9sentants parisiens de Vacheron Constantin jusqu'en 1939, sont de v\u00e9ritables g\u00e9nies cr\u00e9atifs qui sauront tirer parti de l'enthousiasme g\u00e9n\u00e9ral t\u00e9moign\u00e9 \u00e0 l'\u00e9gard du Japon. Il r\u00e9alise ainsi plusieurs montres d'inspiration japonisante pour Vacheron Constantin, certaines jouant par exemple de l'\u00e9mail jusqu'\u00e0 donner l'illusion de la laque, d\u2019autres en laque v\u00e9ritable qui font aujourd\u2019hui encore partie de la collection priv\u00e9e du patrimoine de Vacheron Constantin.<br \/><br \/>En 1953, S.A.I le Prince Akihito, l'actuel empereur r\u00e9gnant du Japon, a visit\u00e9 la manufacture Vacheron Constantin et la boutique historique en l\u2019Ile, ne manquant pas d\u2019apposer sa signature dans le livre d'or de la Maison.<br \/><br \/><strong>L\u2019histoire de la laque, le secret du \u00ab vernis \u00bb si pr\u00e9cieux<\/strong><br \/><br \/><em>\"L'arbre qui donne le v\u00e9ritable vernis du Japon s'appelle urushi. Cet arbre produit un jus blanch\u00e2tre dont les Japonais se servent pour vernir leurs meubles, leurs plats, leurs assiettes de bois qui sont en usage chez toutes sortes de personnes, empereur ou paysan : car \u00e0 la cour et \u00e0 la table du monarque, les ustensiles verniss\u00e9s sont pr\u00e9f\u00e9r\u00e9s \u00e0 ceux d'or et d'argent\".<\/em> <br \/>Engelbert Kaempfer, M\u00e9decin allemand voyageant au Japon, \"Histoire naturelle, civile et eccl\u00e9siastique du Japon\", 1727<br \/><br \/>Cet extrait r\u00e9sume l'essentiel de la laque japonaise. Employ\u00e9 au f\u00e9minin, la laque d\u00e9signe une mati\u00e8re, mais employ\u00e9 au masculin, le laque est un objet d\u00e9cor\u00e9 avec cette mati\u00e8re. On trouve aujourd\u2019hui trois grandes cat\u00e9gories de laque : la laque v\u00e9ritable, la gomme-laque et les vernis. <br \/><br \/>La laque v\u00e9ritable est la s\u00e8ve d'un arbre qui ne se trouve qu'en Extr\u00eame-Orient. La gomme-laque est une r\u00e9sine tir\u00e9e des secr\u00e9tions d'un insecte vivant en Inde et en Asie du Sud Est. Ces deux formes de laque diff\u00e8rent dans la teinte mais avant tout dans la r\u00e9sistance et la solidit\u00e9.<br \/><br \/>Les vernis regroupent quant \u00e0 eux, tous les substituts europ\u00e9ens \u00e0 la laque orientale. Ces succ\u00e9dan\u00e9s sont de toutes sortes, tant v\u00e9g\u00e9taux, qu'animaux, puis synth\u00e9tiques, et sont de qualit\u00e9 tr\u00e8s variable. Ils regroupent par exemple des vernis recouvrant le bois des violons sign\u00e9s Stradivarius en passant par des variantes beaucoup plus quotidiennes et modestes. Mais aucun ne rivalise avec les qualit\u00e9s inh\u00e9rentes \u00e0 la v\u00e9ritable laque.<br \/><br \/><strong>La laque : richesse et origines en Extr\u00eame-Orient<\/strong><br \/><br \/>Tant en Chine qu'au Japon, l'utilisation de la laque remonte \u00e0 l'\u00e9poque n\u00e9olithique. Des fouilles arch\u00e9ologiques ont permis d'\u00e9tablir les dates les plus anciennes proches de 6'000 ans avant JC. A cette \u00e9poque, la laque \u00e9tait employ\u00e9e pour rev\u00eatir les objets utilitaires comme les objets rituels. Deux pigments \u00e9taient utilis\u00e9s pour colorer la laque, le cinabre pour le rouge et le charbon de bois pour le noir. Tr\u00e8s rapidement, la laque n\u2019est plus consid\u00e9r\u00e9e seulement pour ses qualit\u00e9s de protection, mais aussi d'ornement.<br \/><br \/>La Chine et le Japon d\u00e9veloppent rapidement et \u00e0 leur plus haut niveau les Arts de la laque. Si la Chine a donn\u00e9 l'impulsion initiale d'une tradition artistique de haut niveau, le Japon rattrape bient\u00f4t ses ma\u00eetres et d\u00e8s le premier mill\u00e9naire de notre \u00e8re, l'histoire de la laque dans ces deux pays est engag\u00e9e en un dialogue et une \u00e9mulation constante. Ainsi le Japon d\u00e9veloppera la magie du maki-e, la technique que l\u2019on retrouve aujourd\u2019hui dans la collection M\u00e9tiers d\u2019Art \u2013 La symbolique des laques.<br \/><br \/><strong>L\u2019histoire de la laque au Japon<\/strong><br \/><br \/>Au V\u00e8me et VI\u00e8me si\u00e8cle, l'influence culturelle et politique de la Chine est extr\u00eamement forte au Japon. Elle touche \u00e0 tous les domaines et les techniques de laque chinoise, beaucoup plus d\u00e9velopp\u00e9es sur le continent \u00e0 cette p\u00e9riode, sont \u00e9galement transmises au Japon. Elles y trouveront un r\u00e9pondant imm\u00e9diat. L'importance de la laque dans l'\u00e9conomie japonaise est attest\u00e9e en 701 par le Code de Daih\u00f4 (la l\u00e9gislation fondamentale de l'Etat japonais) qui pr\u00e9voit l'\u00e9tablissement d'un Bureau des laques, Nuribe no tsukasa \u6f06\u90e8\u53f8, au sein du D\u00e9partement des Finances et qui contraint les aristocrates \u00e0 planter des arbres \u00e0 laque sur leurs propri\u00e9t\u00e9s, payant une partie de leurs imp\u00f4ts en objets de laque. Les ateliers produisent des laques en particulier pour la cour imp\u00e9riale et pour les temples du pays entier dont la demande se fait toujours plus importante.<br \/><br \/>Les techniques de laque de cette \u00e9poque sont extr\u00eamement tributaires de la Chine et il n'est souvent pas facile de distinguer la provenance d\u2019un objet. En revanche, les bases de cette technique sont l\u00e0, comme en t\u00e9moigne la vari\u00e9t\u00e9 des laques conserv\u00e9s au Sh\u00f4so-in de Nara. Ce tr\u00e9sor datant du VIII\u00e8me si\u00e8cle existe encore aujourd'hui, c\u2019est le plus ancien mus\u00e9e du monde. Les sept techniques de laque identifi\u00e9es parmi les objets du Sh\u00f4so-in soulignent l'importance de cet art d\u00e8s les premiers temps de l'histoire japonaise. La plupart des proc\u00e9d\u00e9s employ\u00e9s ult\u00e9rieurement seront des variations et des perfectionnements de ces premi\u00e8res techniques.<br \/><br \/><strong>L\u2019\u00e2ge d'or de la laque<\/strong><br \/>La fin du VIII\u00e8me si\u00e8cle marque un retour du Japon sur ses propres valeurs, si bien que l'influence continentale s'amoindrit de mani\u00e8re draconienne. Sur le plan artistique, une esth\u00e9tique plus purement japonaise, d\u00e9finie par une gr\u00e2ce et une finesse d'ex\u00e9cution sans pareille, commence \u00e0 se d\u00e9velopper. Les arts de la laque sont parfaitement repr\u00e9sentatifs de ce nouvel essor, et dans l'histoire de la laque japonaise, la p\u00e9riode allant de la fin du VIII\u00e8me au XII\u00e8me si\u00e8cle est qualifi\u00e9e d'\u00e2ge d'or.<br \/><br \/>En effet, les techniques de c\u00e9ramique n'avaient pas encore pris leur envol et les objets utilitaires comme le mobilier \u00e9taient principalement faits de bois, support par excellence de la laque. Cette p\u00e9riode constitue l'aube des techniques raffin\u00e9es du maki-e, dont la d\u00e9licatesse s'allie parfaitement \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 fleurit une culture aristocratique et sophistiqu\u00e9e, baignant dans la po\u00e9sie et les arts.<br \/><br \/><strong>Laque, th\u00e9 et zen<\/strong><br \/>Vers le XIII\u00e8me si\u00e8cle, la branche Zen du bouddhisme est introduite au Japon, et avec elle, arrive aussi le th\u00e9. D'abord utilis\u00e9 par les moines pour ses vertus curatives, son usage \u00e9volue pour donner jour \u00e0 la c\u00e9r\u00e9monie du th\u00e9, tr\u00e8s pris\u00e9e dans les milieux de l'aristocratie guerri\u00e8re. Nombre des objets employ\u00e9s pour conserver ou servir le th\u00e9 sont des laques: bo\u00eete \u00e0 th\u00e9 et \u00e0 encens, plateaux, cuill\u00e8res de bambou, etc. Les formes fluides et la d\u00e9coration raffin\u00e9e des laques sont en parfaite ad\u00e9quation avec l'esth\u00e9tique du th\u00e9.<br \/><br \/><strong>La laque et l'Occident<\/strong><br \/>Les premiers contacts entre le Japon et l'Occident se font par les J\u00e9suites portugais et espagnols dans la premi\u00e8re moiti\u00e9 du XVI\u00e8me si\u00e8cle. Ces missionnaires introduisent d'ailleurs, sous forme de cadeaux, les premi\u00e8res horloges europ\u00e9ennes au Japon. Ils instituent aussi des cours d'horlogerie, qui conduiront les Japonais \u00e0 d\u00e9velopper leurs propres horloges, les wadokei \u548c\u6642\u8a08, adapt\u00e9es au calendrier sino-japonais marquant des heures in\u00e9gales. Ces m\u00eames J\u00e9suites sont \u00e0 l'origine des premi\u00e8res exportations de laque japonaise vers l'Occident. Celles-ci provoqueront un engouement spectaculaire au sein de l'aristocratie europ\u00e9enne et cr\u00e9eront une v\u00e9ritable industrie d'export au Japon dont les produits sont sp\u00e9cifiquement calibr\u00e9s pour le go\u00fbt occidental. En Europe, c'est la vogue des cabinets et salons enti\u00e8rement d\u00e9cor\u00e9s de mobilier en laque. L'une des collections de laque les plus connues est celle de la reine Marie-Antoinette (1755-1793), qu'elle-m\u00eame avait h\u00e9rit\u00e9e de sa m\u00e8re Marie-Th\u00e9r\u00e8se d'Autriche (1717-1780). M\u00eame si la Chine en exporte elle aussi, l'int\u00e9r\u00eat pour les laques japonais est si important entre le XVII\u00e8me et le XVIII\u00e8me si\u00e8cle en Europe que le terme de \"japan\" devient synonyme de laque, tout comme celui de \"china\" d\u00e9signe la porcelaine.<br \/><br \/><strong>Naissance de Z\u00f4hiko<\/strong><br \/><br \/>Entre le XVII\u00e8me et le XIX\u00e8me si\u00e8cle, la laque se d\u00e9mocratise. D'abord r\u00e9serv\u00e9e aux classes les plus hautes de la soci\u00e9t\u00e9, les laques deviennent accessibles \u00e0 une population plus large. C'est dans ce contexte que Yasui Shichibei ouvre en 1661 le magasin qui deviendra plus tard Z\u00f4hiko. A cette \u00e9poque se d\u00e9veloppe \u00e9galement le go\u00fbt pour des objets de petite taille dont la pr\u00e9ciosit\u00e9 refl\u00e8te le statut social et la fortune de leur propri\u00e9taire. Ces objets \u00e9taient si petits qu'ils pouvaient \u00eatre pass\u00e9s \u00e0 la ceinture, d'o\u00f9 leur nom, sagemono, \"objets suspendus\". Les plus recherch\u00e9s d'entres eux sont les portem\u00e9dicaments ou porte-sceaux, inr\u00f4 \u5370\u7c60, et les \u00e9tuis \u00e0 pipe qui serviront tous deux d'\u00e9crin au plus grand perfectionnement des techniques de laque.<br \/><br \/>En 1868, apr\u00e8s plus de deux si\u00e8cles de repli sur soi o\u00f9 les contacts avec l'\u00e9tranger \u00e9taient s\u00e9v\u00e8rement limit\u00e9s, le Japon s'ouvre \u00e0 nouveau au monde et \u00e0 l'Occident en particulier. La vague de modernisation et d'industrialisation qui s'ensuit est si forte qu'elle menace d'engloutir de nombreuses traditions artisanales. Paradoxalement, pour certaines d'entre elles, dont la laque, c'est l'enthousiasme dont elles sont l'objet \u00e0 l'\u00e9tranger qui assure d'abord leur survie, puis leur renouveau.<br \/><br \/><strong>Qu\u2019est-ce que la laque v\u00e9ritable '<\/strong><br \/><br \/>La laque est la s\u00e8ve de l'arbre \u00e0 laque (ou laquier), Rhus verniciflua. Apparent\u00e9 au sumac v\u00e9n\u00e9neux, il vient \u00e0 l'origine des hauts plateaux d'Asie centrale ou du Tibet. Aujourd'hui, l'arbre \u00e0 laque ne pousse qu'en Chine du Sud, en Cor\u00e9e, au Vietnam et au Japon, mais il semble qu'il aurait \u00e9t\u00e9 beaucoup plus r\u00e9pandu jadis. En japonais, le nom de la mati\u00e8re et celui de l'arbre se confondent : urushi \u6f06. L'id\u00e9ogramme correspondant, compos\u00e9 des cl\u00e9s de l'arbre, de l'eau de l'homme, donne une image fid\u00e8le de ce qu'il d\u00e9crit !<br \/><br \/><strong>R\u00e9colte<\/strong><br \/>Un arbre doit avoir une dizaine d'ann\u00e9es avant qu'on ne puisse en pr\u00e9lever la s\u00e8ve. Cinq \u00e0 dix entailles horizontales et parall\u00e8les sont pratiqu\u00e9es sur le tronc, et un suc \u00e9pais et gris\u00e2tre recueilli. Chaque arbre peut \u00eatre entaill\u00e9 plusieurs fois dans l'ann\u00e9e, mais ne produit pas plus de quelques dizaines de millilitres en tout. La substance recueillie est d'une consistance proche du latex. La qualit\u00e9 de la s\u00e8ve d\u00e9pend de nombreux facteurs, dont l'\u00e2ge de l'arbre, le climat, le sol ou encore la saison. La r\u00e9colte se fait au cours du printemps et de l'\u00e9t\u00e9, mais la laque de meilleure qualit\u00e9 est r\u00e9colt\u00e9e entre juin et ao\u00fbt, et provient de la section centrale du tronc. Elle est gard\u00e9e et trait\u00e9e \u00e0 part du reste de la r\u00e9colte, et r\u00e9serv\u00e9e aux couches sup\u00e9rieures de laquage et \u00e0 la finition des objets. Les qualit\u00e9s inf\u00e9rieures servent \u00e0 la pr\u00e9paration des sous-couches.<br \/><br \/><strong>Qualit\u00e9s<\/strong><br \/>La laque poss\u00e8de des propri\u00e9t\u00e9s chimiques inhabituelles qui lui conf\u00e8rent certaines qualit\u00e9s tr\u00e8s particuli\u00e8res. Tout d'abord, elle a la caract\u00e9ristique extraordinaire de ne s\u00e9cher qu'en milieu humide. A l'\u00e9tat pur, elle ne peut s\u00e9cher qu'appliqu\u00e9e en couches extr\u00eamement fines: au-del\u00e0 de 0.03 \u00e0 0.05 mm, il restera une partie liquide sous la pellicule durcie en surface. Une fois durcie, la laque a la capacit\u00e9 de sceller des mat\u00e9riaux poreux tels le bois, le bambou, le papier ou le tissu, qui deviennent gr\u00e2ce \u00e0 elle enti\u00e8rement r\u00e9sistants \u00e0 l'humidit\u00e9, au sel, \u00e0 la chaleur, aux liquides \u2013 y compris l'alcool \u2013, \u00e0 la nourriture, et m\u00eame aux acides. Les r\u00e9cipients en laque sont par cons\u00e9quent particuli\u00e8rement adapt\u00e9s pour servir, entreposer et transporter des boissons ou de la nourriture. La laque est \u00e9galement un excellent adh\u00e9sif, m\u00eame pour des mat\u00e9riaux dissemblables. Elle est utilis\u00e9e comme colle, notamment pour r\u00e9parer des c\u00e9ramiques. La laque n'a qu'un seul point faible, la lumi\u00e8re. Expos\u00e9e \u00e0 de la lumi\u00e8re trop forte, la laque p\u00e2lit, se dess\u00e8che et se d\u00e9compose.<br \/><br \/>La grande r\u00e9sistance de la laque ainsi que sa solidit\u00e9 et son inalt\u00e9rabilit\u00e9 r\u00e9sident avant tout dans le nombre de couches appliqu\u00e9es \u00e0 l'objet sur lequel on travaille. Celui-ci peut aller d'une dizaine \u00e0 une centaine de couches, dont l'\u00e9paisseur varie entre 0,8 et 1 mm. Une laque de bonne qualit\u00e9 ne s'\u00e9rode pas m\u00eame apr\u00e8s cent ou deux cents ans. A titre de comparaison, la peinture \u00e0 l'huile s'\u00e9caille au bout de dix ans, et les vernis chimiques ne conservent leur \u00e9clat que vingt ou trente ans.<br \/><br \/><strong>Chimie de la laque<\/strong><br \/>Le durcissement de la laque est un processus d'oxydation qui n'a rien en commun avec un s\u00e9chage ou une \u00e9vaporation ordinaires. Les constituants principaux de la laque brute sont une mol\u00e9cule anti-oxydante connue sous le nom d'urushiol, et une enzyme, la laccase. En pr\u00e9sence d'oxyg\u00e8ne, la laccase agit comme un catalyseur pour l'oxydation de l'urushiol, et provoque un durcissement permanent de la laque brute, dont la consistance est visqueuse \u00e0 la base.<br \/><br \/>A l'\u00e9tat brut liquide, la laque est toxique et provoque de graves irritations cutan\u00e9es, m\u00eame si certaines personnes y sont immunes. La composition de la s\u00e8ve est la suivante: 20% d'eau, 2% de laccase, 4% de gomme et 74% d'urushiol. Plus le taux d'urushiol est \u00e9lev\u00e9, plus le durcissement de la laque sera prononc\u00e9. La duret\u00e9 de la laque est la marque de sa qualit\u00e9 sup\u00e9rieure.<br \/><br \/>Au Japon, les laques b\u00e9n\u00e9ficient du pourcentage particuli\u00e8rement \u00e9lev\u00e9 d'urushiol dans les arbres indig\u00e8nes. En effet, la s\u00e8ve japonaise contient 70-80% d'urushiol pour 7% de gomme, alors que le pourcentage est plus proche de 50% d'urushiol pour 20% de gomme dans la s\u00e8ve des arbres chinois, vietnamiens ou tha\u00eflandais.<br \/><br \/><strong>Pr\u00e9paration<\/strong><br \/>Une fois recueillie, la laque est entrepos\u00e9e dans un baril de bois avant d'\u00eatre raffin\u00e9e. Elle est d'abord filtr\u00e9e \u00e0 travers un linge pour \u00e9liminer les impuret\u00e9s et rendre la laque suffisamment fluide. Puis l'eau contenue dans la s\u00e8ve est \u00e9limin\u00e9e par \u00e9vaporation. Pour cela, elle est entrepos\u00e9e de douze \u00e0 vingt-quatre heures dans des chambres de s\u00e9chage (muro \"salle\" ou urushiburo \"bain \u00e0 laque\"), gard\u00e9es \u00e0 une temp\u00e9rature de 20 \u00e0 25\u00b0 et un taux d'humidit\u00e9 de 75 \u00e0 85%. Les chambres de s\u00e9chage servent aussi \u00e0 abriter les objets de la poussi\u00e8re entre deux couches de laquage.<br \/><br \/><strong>Supports<\/strong><br \/>La laque raffin\u00e9e peut \u00eatre appliqu\u00e9e sur un grand nombre de mati\u00e8res dont les textiles, le bambou, le cuir, la c\u00e9ramique ou le m\u00e9tal. Les armures ou les casques des samoura\u00efs \u00e9taient par exemple souvent laqu\u00e9s. Mais de tous temps, le support principal a \u00e9t\u00e9 le bois, g\u00e9n\u00e9ralement un bois au grain r\u00e9gulier, qu'il soit possible de travailler jusqu'\u00e0 une grande finesse. Le bois d'orme, keyaki \u6b05, par exemple, en devient presque translucide. Outre l'orme, le c\u00e8dre, sugi \u6749, le cypr\u00e8s japonais, hinoki \u6a9c, le paulownia, kiri \u6850, ou encore le magnolia, h\u00f4noki \u6734, se pr\u00eatent \u00e0 ce type de travail. La base est pr\u00e9par\u00e9e de mani\u00e8re \u00e0 ce que toute crevasse ou in\u00e9galit\u00e9 soit enti\u00e8rement gomm\u00e9e, afin que les couches de laque soient appliqu\u00e9es sur une surface parfaitement uniforme. Pour ce travail, le laqueur fait appel \u00e0 des artisans ext\u00e9rieurs. Dans le cas du bois, il s'agira de menuisiers sp\u00e9cialis\u00e9s dans le bois assembl\u00e9, dans le bois tourn\u00e9 ou dans le bois courb\u00e9 selon les besoins de l'objet.<br \/><br \/>Une fois la base achev\u00e9e, l'objet est pr\u00eat pour le laquage des couches pr\u00e9paratoires. Chaque couche successive doit \u00eatre appliqu\u00e9e, s\u00e9ch\u00e9e, puis ponc\u00e9e avant de passer \u00e0 la suivante. Les premi\u00e8res couches sont les plus \u00e9paisses, les derni\u00e8res les plus fines. Il en va de m\u00eame pour les abrasifs employ\u00e9s. Apr\u00e8s ces diff\u00e9rentes \u00e9tapes visant \u00e0 prot\u00e9ger l'objet, la partie v\u00e9ritablement d\u00e9corative du travail peut commencer.<br \/><br \/><strong>Techniques<\/strong><br \/>Les techniques de laque varient en fonction des pays, des qualit\u00e9s de laque, et de l'usage auquel sont destin\u00e9s les objets. Les quelques cent cinquante laques du 8e si\u00e8cle conserv\u00e9s dans le mus\u00e9e du Sh\u00f4so-in \u00e0 Nara, regroupent \u00e0 eux seuls sept proc\u00e9d\u00e9s diff\u00e9rents. 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33222/000R-9517
Marque : | Vacheron Constantin |
Collection : | Métiers d'Art |
Modèle : | La Symbolique des Laques |
Référence : | 33222/000R-9517 |
Nbre de pièces : | 20 |
Complément : | Prunier et Rossignol |
Année : | 2010 |
N'est plus commercialisé |
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Marque : | Vacheron Constantin |
Collection : | Métiers d'Art |
Modèle : | La Symbolique des Laques |
Référence : | 33222/000R-9517 |
Nbre de pièces : | 20 |
Complément : | Prunier et Rossignol |
Année : | 2010 |
N'est plus commercialisé | |
Prix du neuf : | Sur demande |
Diamètre : | 40 mm |
Styles : | Haute Horlogerie Atypique |
Types : | Mécanique à remontage manuel |
Calibre : | Vacheron Constantin 1003 SQ |
Calibre distinction : | Poinçon de Genève Extra-plat |
Complication : | Squelette |
Matière du boîtier : | Or rose |
Particularité du boitier : | Fond ouvert Extra-plat Fond saphir Fond avec cadran en Laque japonaise maki-e |
Forme : | Ronde |
Etanchéité : | 30 mètres |
Cadran : | Laque japonaise maki-e |
Couleur du cadran : | Noir |
Affichage : | Aiguilles |
Index : | Non |
Matière du bracelet : | Alligator |
Couleur du bracelet : | Noir |
Fermeture du bracelet : | Boucle ardillon |
+ Plus de caractéristiques : | Série limitée de 20 coffrets par an. renfermant 3 montres chacun Mouvement Squelette. en or 14 carats. traité ruthénium Développé et manufacturé par Vacheron Constantin Épaisseur : 1.64 mm Diamètre : 20.80 mm 18 rubis Fréquence : 18 000 alternances / heure Réserve de marche : 30 heures Boîtier et boucle en or rose 4N 18 carats Cadran en or 18 carats recouvert de laque Fermoir avec demi Croix de Malte polie |
Collection Métiers d’Art – La symbolique des laques
Il n’y a pas chez Vacheron Constantin d’homme qui puisse ignorer ce qu’est la passion pour la belle horlogerie. Car sans passion, il n’y a pas d’exigence véritable. Et si le Cabinotier d’autrefois a disparu, dans les couloirs de la manufacture, près des établis, demeure la mémoire de ces hommes dont aujourd’hui chaque horloger, chaque artisan, par le geste, fait revivre le langage de l’esprit et perpétue le savoir-faire.
Car le temps, c’est aussi la mémoire. Etre fidèle à ces visionnaires et virtuoses de l’époque demeure sans aucun doute l’une des grandes qualités de Vacheron Constantin. L’éthique et l’obligation d’excellence qui anime chaque membre de la manufacture a fait l’homogénéité de la Maison depuis plus de 250 ans. Adopter la philosophie de ses prédécesseurs, lorsqu’elle contient cet humanisme indispensable, apporte une forme d’épanouissement que peu connaissent.
Ce profond engagement de Vacheron Constantin pour la transmission et la valorisation des métiers horlogers – et en particulier ceux des Métiers d’Art qui rassemblent la quintessence des savoir-faire dans le domaine très particulier des arts décoratifs appliqués à la création horlogère (émailleur, graveur, guillocheur et sertisseur) – continue de se poursuivre aujourd’hui au travers de garde-temps, véritables oeuvres d’art, dont seuls quelques maîtres et artisans ont encore dans leurs ateliers le secret de fabrication.
La collection Métiers d’Art… Là où le savoir de l’esprit habite la main qui donne vie à l’objet, l’homme offre une âme à chacune de ses créations.
Lorsque Vacheron Constantin institutionnalise en 2004 la collection Métiers d’Art avec la série limitée de garde-temps Hommage aux Grands Explorateurs, la manufacture illustre une volonté farouche de pérenniser l’une de ses valeurs fondamentales, la transmission des traditions artisanales des Métiers d’Art de la Haute Horlogerie.
Ainsi, pour la naissance de cette collection, chacun dans son domaine, virtuoses de leur art et passionnés, les maîtres horlogers ont combiné leurs talents avec les maîtres émailleurs, alliant techniques anciennes et modernes de leur métier respectif, pour donner naissance à des montres exceptionnelles, tant en matière de mécanique que d’esthétisme, au travers d’un mouvement breveté offrant une lecture du temps étonnante et d’un cadran sublimé par un art ancestral et complexe: l’émail Grand Feu.
De ce même principe, la collection Métiers d’Art – Les Masques – dont le premier coffret a été présenté en 2007 – illustrera elle aussi à la perfection la combinaison des talents et des savoirfaire, cette fois-ci entre maîtres horlogers et maîtres graveurs qui, travaillant main dans la main, ont donné naissance à des garde-temps, véritables invitations à voyager dans le temps et l’espace, à la recherche des racines de l’homme, et à se pencher sur l’une des plus belles expressions de son âme.
Rencontre entre Vacheron Constantin qui a fêté ses 250 ans d’activité à Genève en 2005, Et Zôhiko qui soufflera ses 350 bougies d’existence à Kyoto en 2011… Plus de 600 années d’histoire cumulée.
L'immense résonance que la collection Métiers d’Art Les Masques issue de la rencontre entre Vacheron Constantin et le Musée Barbier-Mueller de Genève a conforté la manufacture horlogère dans sa conviction : aujourd'hui plus que jamais, il importe de conjuguer les métiers de la culture et des arts avec la plus haute qualité technique de l’art horloger.
Cette combinaison des talents joignant virtuosité et précision tant techniques que décoratives, est l'illustration parfaite des valeurs fondamentales de Vacheron Constantin : la quête de l'excellence, le soutien de la créativité, l'ouverture au monde, le respect et la transmission des traditions, et enfin le partage de la passion.
Ouvrant un nouvel horizon à l’alliance entre technique horlogère et technique décorative, la manufacture propose pour la première fois une collection Métiers d'Art dont une partie de la production quitte le sol genevois pour venir d’un autre continent. Et c'est un ailleurs lointain, puisque derrière le terme mystérieux de maki-e se cache le fleuron des techniques ancestrales et traditionnelles de la laque japonaise.
Naissance de la collection « Métiers d’Art – La symbolique des laques »
Dans les tiroirs de son département Création, Vacheron Constantin avait depuis longtemps le projet d'une conjonction entre maki-e et horlogerie. Mais ce projet n'avait encore jamais trouvé l'étincelle qui lui ferait prendre vie. Cette étincelle viendra de la maison Zôhiko qui portait la même aspiration en miroir : parvenir à combiner les talents des arts horlogers à celui des arts de la laque.
La référence aux "Masques" n'est pas fortuite : c'est l'audace tant technique qu'artistique, et la beauté de cette collection qui encouragera Zôhiko à se faire connaître auprès de Vacheron Constantin pendant l'automne 2007 pour étudier la possibilité d'une collaboration.
S'il y a dans toute rencontre une part de hasard et de chance, la création d'une véritable relation ne peut se faire que sur la base d'affinités profondes et le partage de valeurs communes. Celles-ci se sont développées immédiatement entre les deux maisons, porteuses toutes deux du même respect fondamental des traditions culturelles, techniques et artistiques. Vacheron Constantin est le dépositaire d'une lignée ininterrompue depuis 1755, et Zôhiko est également le dépositaire d’une lignée fondée en 1661. A elles deux, elles cumulent 600 ans d'expérience et de savoir-faire.
Mais avant tout, cette collection est une aventure humaine. C’est un voyage et une découverte d’un audelà inconnu où savoir-faire et innovation se rejoignent au plus haut point. De cette rencontre entre les hommes d’une des plus anciennes maisons japonaises de laque Zôhiko 象彦, sise à Kyôto depuis sa fondation en 1661, et ceux de la plus ancienne manufacture d’horlogerie du monde en production ininterrompue à Genève depuis sa fondation en 1755 - Vacheron Constantin - naît un singulier porteur des mêmes valeurs fondamentales : la collection Métiers d’Art – La symbolique des laques.
Trois ans, neuf motifs, soixante coffrets
Fidèle à l'esprit de la collection Métiers d'Art, la série de montres Métiers d’Art – La symbolique des laques se déclinera sur trois ans, chaque année donnant naissance à un nouveau coffret de trois montres en série limitée à seulement vingt exemplaires.
Chaque volet présentera des motifs choisis pour les cadrans, réalisés avec la technique du maki-e, dans l'immense réservoir symbolique des traditions artistiques d'Extrême-Orient. C'est ainsi que tout motif, qu'ils soient dérivés du monde animal, végétal ou minéral, est porteur de signification et est susceptible d'être combiné avec un autre : des figures divines ou héroïques sont associées à des animaux, ces animaux à des plantes, ces plantes à des vertus ou à des qualités abstraites, etc. Souvent, ces motifs renvoient à des oeuvres littéraires, des poèmes ou encore des légendes.
D’un point de vue horloger, c’est le légendaire calibre extra-plat 1003 qui a été choisi par Vacheron Constantin pour équiper cette série de garde-temps. C’est une version squelette du mouvement construit en or 14 carats que l’on retrouve ici. Toutefois, pour magnifier l’harmonie de l’ensemble et veiller à ce que le travail du maki-e soit bien mis en avant, Vacheron Constantin a été jusqu’à opter pour un traitement ruthénium qui – calmant l’éclat naturel de l’or - offre un effet des plus élégants à la montre. Les glaces saphir sur les deux faces permettent d’admirer les finitions exceptionnelles, notamment le travail d’anglage, réalisées dans les ateliers de la manufacture genevoise.
Quant à la boîte ronde d’une apparente simplicité, elle a été dessinée dans des lignes d’une sobriété exemplaire qui confine à l’épure, respectant l’esprit zen de la collection Métiers d’Art – La symbolique des laques.
Le thème de la longévité
Le premier coffret déclinera le thème de la longévité dans la tradition extrême-orientale avec « Les Trois amis de l'hiver" – Saikan no sanyû 歳寒三友 - le pin, le bambou et le prunier. Ce trio classique de la symbolique chinoise est passé très tôt au Japon où il est tout aussi populaire que dans son pays d'origine. Par leur capacité à résister à la rigueur des grands froids, les "Trois amis de l'hiver" représentent avant tout la longévité. Par extension, ils sont aussi associés à la loyauté d'une amitié survivant aux moments difficiles que symbolise l’hiver.
Les pins sont vénérés pour leur âge et leur force. Ils sont aussi tenus en haute estime car ils restent verts en hiver. Le bambou, quant à lui, est perçu comme un parfait gentleman, souple face aux changements, mais sans jamais abandonner son idéal : dès que la tourmente est passée, il regagne sa position initiale. Quant au prunier, il est respecté parce qu’il est le premier arbre à fleurir encore au coeur de l’hiver, et qu’il est l’arbre fruitier à la plus longue vie. L’idéal de l’homme lettré chinois et japonais était d’être “fort comme le pin, résistant comme le bambou et pur comme le prunier”.
Chacun des "Trois amis de l'hiver" a pour compagnon un oiseau auquel il est combiné par paire.
Ainsi, le pin au grand âge est lié à la grue dont la blancheur rappelle le cumul des années. Le bambou est associé au moineau dont l'activité sans relâche symbolise la vitalité du bambou toujours renaissant. Enfin, le prunier et le rossignol japonais sont représentés ensemble car tous deux célèbrent l'arrivée du printemps, l'un par ses fleurs précoces, l'autre par son chant.
C'est cette double combinaison de trois motifs que Vacheron Constantin a choisi en étroite relation avec Zôhiko. Chaque montre est ainsi dotée d'un double cadran en laque travaillée dans la technique maki-e. Le motif principal de l'arbre sur le dessus de la montre est doublé du motif de l'oiseau sur son revers, faisant ainsi face au poignet. En cela aussi, le choix de Vacheron Constantin rejoint une tradition japonaise, puisque nombre d’objets de laques japonais sont décorés même sur leurs surfaces cachées comme par exemple l'intérieur des couvercles ou les fonds de boîtes.
La montre Prunier et Rossignol Japonais - Ume to uguisu 梅と鴬
Le prunier est connu avant tout pour l’éclosion au coeur de l’hiver de ses délicates fleurs blanches à peine teintées de rose. Leur parfum subtil se répand au plus froid des mois d’hiver, et fait naître les premiers espoirs de printemps. Bien que ni le prunier, ni ses fleurs, ne soient d’une magnificence particulière, ils sont d’un caractère si frais et si exquis qu’ils enchantent l’esprit au milieu de la désolation de l’hiver. Le prunier sert ainsi de métaphore à la beauté intérieure et l’humilité face à l’adversité du monde.
L’association du prunier et du rossignol japonais semble être un développement plus particulièrement japonais. Ils sont tous deux les premiers messagers du printemps : le premier chant du rossignol japonais est appelé « premier son de l’année», hatsune 初音. Les références poétiques où prunier et rossignol japonais sont associés sont innombrables. Souvent, elles sont aussi associées à la neige, puisque les pruniers fleurissent souvent si tôt que les fleurs de prunier semblent se confondre avec les flocons de neige.
Qu’est ce que le maki-e '
Maki-e 蒔絵 - qui veut dire "image semée" - représente la technique la plus sophistiquée de l’art de la laque, désignant un travail décoratif où la poussière d'or ou d'argent est délicatement saupoudrée sur de la laque encore humide, généralement noire, pour créer le motif.
La laque provient de la sève de l'arbre à laque Rhus verniciflua. Apparenté au sumac vénéneux, il vient à l'origine des hauts plateaux d'Asie centrale ou du Tibet. Aujourd'hui, l'arbre à laque ne pousse qu'en Chine du Sud, en Corée, au Vietnam et au Japon, mais il semble qu'il aurait été jadis beaucoup plus répandu. En japonais, le nom de la matière et celui de l'arbre se confondent : urushi 漆. L'idéogramme composé des clés de l'arbre et de l'eau de l'homme donne une image fidèle de ce qu'il décrit.
Les techniques de laque varient en fonction des pays, des qualités de laque, et de l'usage auquel sont destinés les objets. Les trois catégories les plus représentatives des arts de la laque sont la gravure, les incrustations et le maki-e.
L'éventail de possibilités est presque infini, et l'invention japonaise du maki-e dans ses différentes variations représente l'un des mariages les plus remarquables de maîtrise technique et de sophistication esthétique dans l'histoire de l'art. Cette technique décorative est développée très tôt dans l'histoire japonaise. Elle arrive à pleine maturité artistique entre le VIIIème et XIIème siècle de notre ère pour devenir l'ornementation prédominante à partir du XVIIème siècle et le rester à ce jour. Elle ne semble pas avoir été utilisée en Chine - ou en avoir très tôt disparue. En revanche, elle y était très prisée comme en témoignent les nombreuses commandes passées depuis le continent au cours des siècles. Le maki-e lui-même a donné lieu à une floraison de techniques qui lui sont propres. Dès le milieu du Xème siècle, cette technique dépasse de loin toutes ses rivales, et leur est largement préférée pour sa finesse d'exécution, son caractère tout à la fois précis et vaporeux, et l'immense poésie qui s'en dégage.
L'une des plus grandes beautés de la laque est qu'elle orne les objets les plus précieux comme les plus quotidiens. Bols et vaisselle de laque traversent les siècles, tout comme les boîtes aux usages de forme multiple : boîtes à documents, boîtes à thé, à encens, à pinceaux, à encre, à cartes, à médicaments, etc. Si de tous temps, il y a eu du mobilier de laque, la préférence va malgré tout presque toujours aux objets de petite taille, à un travail de perfection dont la minutie est un enchantement.
La Maison Zôhiko
En 1661, Yasui Shichibei 安井七兵衛 (1632-1692) ouvre un magasin vendant des laques et des produits chinois, qu'il nomme "A l'Ivoire", Zôgeya 象牙屋. Son successeur est Kusunoki Jihei 楠治兵衛 (1659-1714), qui se concentre désormais sur les laques. Le magasin restera dans la famille pour cinq générations, avant d'être transmis à Nishimura Hikobei 西村彦兵衛 (1719-1773), alors chef de production, par manque d'héritiers dans la branche Kusunoki. Kusunoki Jirôbei 楠治郎兵衛(1723-1784) légua à son premier commis non seulement le magasin, mais aussi le soin des tombes de sa famille, créant ainsi un lien de filiation insécable. Depuis cette époque jusqu'à ce jour, la Maison Zôhiko est tenue par des membres de la famille Nishimura qui reprennent à chaque fois le prénom du fondateur. Le directeur actuel de Zôhiko est ainsi le neuvième Nishimura Hikobei.
Le troisième Hikobei (1806-1875) reçut de l'Empereur le titre de "Maître en maki-e" pour l'excellence de son travail. L'une de ses pièces les plus remarquables est un panneau en maki-e représentant le bodhisattva Fugen sur un éléphant blanc. L'histoire dit que la population de Kyôto fut si séduite par la beauté de cette image qu'elle la nomma le "panneau de Zôhiko". "Zô" signifiant l'éléphant et "Hiko" reprenant la première partie du prénom de "Hikobei". C'est là, l'origine du nom de la Maison Zôhiko.
La Maison Zôhiko entretient des liens de longue date avec la Cour impériale japonaise. Le quatrième Hikobei (1806-1875) en était l'un des fournisseurs officiels et le directeur actuel a réalisé le siège officiel de l'Empereur régnant. Les premières exportations de l’atelier datent de la toute fin du XIXème siècle en conjonction avec l'ouverture du Japon au monde extérieur suite à la Restauration de Meiji. Cette nouvelle ampleur donnée à la Maison est l'oeuvre du huitième Hikobei (1887-1965). Il fut unanimement considéré comme un pionnier de l'industrie de la laque. Il fonda également une école de maki-e qui devint une référence pour de nombreux artistes spécialistes de la laque.
La longue histoire de Zôhiko reflète une tradition d'excellence sans pareille dans le respect à la fois d'une continuité artistique et d'une créativité toujours renouvelée. Tout en cultivant une tradition déjà plus que millénaire, Zôhiko est ouverte sur le monde. Le partage avec Vacheron Constantin a donné lieu à une collaboration d'une intensité extraordinaire dont le fruit porte le nom de collection Métiers d’Art –La symbolique des laques.
Vacheron Constantin et le Japon… Une relation de très longue durée
C’est aux environs des premières années 1800 qu’un éminent historien de l’horlogerie Alfred Chapuis situe les premiers contacts commerciaux de Vacheron Constantin avec l’Asie et la Chine en particulier (dans son ouvrage de référence paru en 1919 « La Montre chinoise »). Ailleurs dans le monde, à la même époque, la Maison est présente en Amérique du Sud avec un représentant installé de façon permanente au Brésil. En Russie, elle fournit régulièrement la Cour impériale, et en 1847, c'est le marché de l'Inde qui lui ouvre ses portes.
A cette époque, le Japon est encore fermé à presque tout contact extérieur. En effet, entre le début du XVIIème et le milieu du XIXème siècle, le gouvernement militaire des shôguns veilla à ce que le pays soit presque entièrement coupé du monde. Ce n'est qu'à partir de 1854, sous la pression américaine, que les premiers traités commerciaux sont conclus avec l'Occident. Les choses iront dès alors très vite. Les répercussions se feront bien entendu sentir jusqu'en Suisse.
En 1862, le Conseil Fédéral décide d'envoyer une délégation suisse au Japon et convie "M. Vacheron, Fabricant d'horlogerie" à une réunion préparatoire. Le 6 février 1864, la Suisse signe son premier document officiel avec le Japon : il s'agit d'un traité de commerce permettant notamment aux ressortissants suisses de s'établir dans les ports ouverts du pays.
Déjà à cette époque, la Maison Vacheron Constantin était tenue en haute estime au Japon car en 1867, l'année même de son intronisation, l'Empereur Meiji avait prévu de visiter les ateliers de la fabrique lors de sa visite à Genève. Une invitation de dernière minute chez M. de Rothschild le retiendra.
En 1884, le Japon adopte l'heure universelle alors que la Suisse ne rejoint les rangs qu'en 1892, et la France en 1911! Jusque-là, le Japon comptait les heures de manière inégale entre le jour et la nuit et selon les saisons. Les horloges japonaises, wadokei 和時計, étaient donc de conception différente des horloges occidentales. L'adoption de l'heure universelle est ainsi plus qu'un simple ajustement, et fait partie de la véritable révolution culturelle dans laquelle s'engage le Japon en entrant dans l’ère moderne.
Le "genre Japon"
En 1906, Vacheron Constantin ouvre sa première boutique en l'Ile au coeur de Genève. Dès le début, une clientèle japonaise régulière et exigeante se construit, constituée tant de visites de passage que de commandes depuis le Japon.
A partir de 1917, Vacheron Constantin est représenté au Japon même dans les trois villes de Tôkyô, Yôkohama et Kôbe. Les premières montres envoyées sont des chronomètres de marine. Très rapidement, il s'avère que la clientèle japonaise a des goûts si précis et affirmés qu'il se développe un véritable code esthétique qualifié de "genre Japon" avec des montres plates et sobres, élégantes, avec une préférence pour les couleurs blanche et argent.
La fin du XIXème et le début du XXème siècle marquent la grande époque du « japonisme » en Europe dans le sillon des expositions universelles de Paris où les arts du Japon font fureur. Ferdinand Verger et ses descendants, représentants parisiens de Vacheron Constantin jusqu'en 1939, sont de véritables génies créatifs qui sauront tirer parti de l'enthousiasme général témoigné à l'égard du Japon. Il réalise ainsi plusieurs montres d'inspiration japonisante pour Vacheron Constantin, certaines jouant par exemple de l'émail jusqu'à donner l'illusion de la laque, d’autres en laque véritable qui font aujourd’hui encore partie de la collection privée du patrimoine de Vacheron Constantin.
En 1953, S.A.I le Prince Akihito, l'actuel empereur régnant du Japon, a visité la manufacture Vacheron Constantin et la boutique historique en l’Ile, ne manquant pas d’apposer sa signature dans le livre d'or de la Maison.
L’histoire de la laque, le secret du « vernis » si précieux
"L'arbre qui donne le véritable vernis du Japon s'appelle urushi. Cet arbre produit un jus blanchâtre dont les Japonais se servent pour vernir leurs meubles, leurs plats, leurs assiettes de bois qui sont en usage chez toutes sortes de personnes, empereur ou paysan : car à la cour et à la table du monarque, les ustensiles vernissés sont préférés à ceux d'or et d'argent".
Engelbert Kaempfer, Médecin allemand voyageant au Japon, "Histoire naturelle, civile et ecclésiastique du Japon", 1727
Cet extrait résume l'essentiel de la laque japonaise. Employé au féminin, la laque désigne une matière, mais employé au masculin, le laque est un objet décoré avec cette matière. On trouve aujourd’hui trois grandes catégories de laque : la laque véritable, la gomme-laque et les vernis.
La laque véritable est la sève d'un arbre qui ne se trouve qu'en Extrême-Orient. La gomme-laque est une résine tirée des secrétions d'un insecte vivant en Inde et en Asie du Sud Est. Ces deux formes de laque diffèrent dans la teinte mais avant tout dans la résistance et la solidité.
Les vernis regroupent quant à eux, tous les substituts européens à la laque orientale. Ces succédanés sont de toutes sortes, tant végétaux, qu'animaux, puis synthétiques, et sont de qualité très variable. Ils regroupent par exemple des vernis recouvrant le bois des violons signés Stradivarius en passant par des variantes beaucoup plus quotidiennes et modestes. Mais aucun ne rivalise avec les qualités inhérentes à la véritable laque.
La laque : richesse et origines en Extrême-Orient
Tant en Chine qu'au Japon, l'utilisation de la laque remonte à l'époque néolithique. Des fouilles archéologiques ont permis d'établir les dates les plus anciennes proches de 6'000 ans avant JC. A cette époque, la laque était employée pour revêtir les objets utilitaires comme les objets rituels. Deux pigments étaient utilisés pour colorer la laque, le cinabre pour le rouge et le charbon de bois pour le noir. Très rapidement, la laque n’est plus considérée seulement pour ses qualités de protection, mais aussi d'ornement.
La Chine et le Japon développent rapidement et à leur plus haut niveau les Arts de la laque. Si la Chine a donné l'impulsion initiale d'une tradition artistique de haut niveau, le Japon rattrape bientôt ses maîtres et dès le premier millénaire de notre ère, l'histoire de la laque dans ces deux pays est engagée en un dialogue et une émulation constante. Ainsi le Japon développera la magie du maki-e, la technique que l’on retrouve aujourd’hui dans la collection Métiers d’Art – La symbolique des laques.
L’histoire de la laque au Japon
Au Vème et VIème siècle, l'influence culturelle et politique de la Chine est extrêmement forte au Japon. Elle touche à tous les domaines et les techniques de laque chinoise, beaucoup plus développées sur le continent à cette période, sont également transmises au Japon. Elles y trouveront un répondant immédiat. L'importance de la laque dans l'économie japonaise est attestée en 701 par le Code de Daihô (la législation fondamentale de l'Etat japonais) qui prévoit l'établissement d'un Bureau des laques, Nuribe no tsukasa 漆部司, au sein du Département des Finances et qui contraint les aristocrates à planter des arbres à laque sur leurs propriétés, payant une partie de leurs impôts en objets de laque. Les ateliers produisent des laques en particulier pour la cour impériale et pour les temples du pays entier dont la demande se fait toujours plus importante.
Les techniques de laque de cette époque sont extrêmement tributaires de la Chine et il n'est souvent pas facile de distinguer la provenance d’un objet. En revanche, les bases de cette technique sont là, comme en témoigne la variété des laques conservés au Shôso-in de Nara. Ce trésor datant du VIIIème siècle existe encore aujourd'hui, c’est le plus ancien musée du monde. Les sept techniques de laque identifiées parmi les objets du Shôso-in soulignent l'importance de cet art dès les premiers temps de l'histoire japonaise. La plupart des procédés employés ultérieurement seront des variations et des perfectionnements de ces premières techniques.
L’âge d'or de la laque
La fin du VIIIème siècle marque un retour du Japon sur ses propres valeurs, si bien que l'influence continentale s'amoindrit de manière draconienne. Sur le plan artistique, une esthétique plus purement japonaise, définie par une grâce et une finesse d'exécution sans pareille, commence à se développer. Les arts de la laque sont parfaitement représentatifs de ce nouvel essor, et dans l'histoire de la laque japonaise, la période allant de la fin du VIIIème au XIIème siècle est qualifiée d'âge d'or.
En effet, les techniques de céramique n'avaient pas encore pris leur envol et les objets utilitaires comme le mobilier étaient principalement faits de bois, support par excellence de la laque. Cette période constitue l'aube des techniques raffinées du maki-e, dont la délicatesse s'allie parfaitement à une époque où fleurit une culture aristocratique et sophistiquée, baignant dans la poésie et les arts.
Laque, thé et zen
Vers le XIIIème siècle, la branche Zen du bouddhisme est introduite au Japon, et avec elle, arrive aussi le thé. D'abord utilisé par les moines pour ses vertus curatives, son usage évolue pour donner jour à la cérémonie du thé, très prisée dans les milieux de l'aristocratie guerrière. Nombre des objets employés pour conserver ou servir le thé sont des laques: boîte à thé et à encens, plateaux, cuillères de bambou, etc. Les formes fluides et la décoration raffinée des laques sont en parfaite adéquation avec l'esthétique du thé.
La laque et l'Occident
Les premiers contacts entre le Japon et l'Occident se font par les Jésuites portugais et espagnols dans la première moitié du XVIème siècle. Ces missionnaires introduisent d'ailleurs, sous forme de cadeaux, les premières horloges européennes au Japon. Ils instituent aussi des cours d'horlogerie, qui conduiront les Japonais à développer leurs propres horloges, les wadokei 和時計, adaptées au calendrier sino-japonais marquant des heures inégales. Ces mêmes Jésuites sont à l'origine des premières exportations de laque japonaise vers l'Occident. Celles-ci provoqueront un engouement spectaculaire au sein de l'aristocratie européenne et créeront une véritable industrie d'export au Japon dont les produits sont spécifiquement calibrés pour le goût occidental. En Europe, c'est la vogue des cabinets et salons entièrement décorés de mobilier en laque. L'une des collections de laque les plus connues est celle de la reine Marie-Antoinette (1755-1793), qu'elle-même avait héritée de sa mère Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780). Même si la Chine en exporte elle aussi, l'intérêt pour les laques japonais est si important entre le XVIIème et le XVIIIème siècle en Europe que le terme de "japan" devient synonyme de laque, tout comme celui de "china" désigne la porcelaine.
Naissance de Zôhiko
Entre le XVIIème et le XIXème siècle, la laque se démocratise. D'abord réservée aux classes les plus hautes de la société, les laques deviennent accessibles à une population plus large. C'est dans ce contexte que Yasui Shichibei ouvre en 1661 le magasin qui deviendra plus tard Zôhiko. A cette époque se développe également le goût pour des objets de petite taille dont la préciosité reflète le statut social et la fortune de leur propriétaire. Ces objets étaient si petits qu'ils pouvaient être passés à la ceinture, d'où leur nom, sagemono, "objets suspendus". Les plus recherchés d'entres eux sont les portemédicaments ou porte-sceaux, inrô 印籠, et les étuis à pipe qui serviront tous deux d'écrin au plus grand perfectionnement des techniques de laque.
En 1868, après plus de deux siècles de repli sur soi où les contacts avec l'étranger étaient sévèrement limités, le Japon s'ouvre à nouveau au monde et à l'Occident en particulier. La vague de modernisation et d'industrialisation qui s'ensuit est si forte qu'elle menace d'engloutir de nombreuses traditions artisanales. Paradoxalement, pour certaines d'entre elles, dont la laque, c'est l'enthousiasme dont elles sont l'objet à l'étranger qui assure d'abord leur survie, puis leur renouveau.
Qu’est-ce que la laque véritable '
La laque est la sève de l'arbre à laque (ou laquier), Rhus verniciflua. Apparenté au sumac vénéneux, il vient à l'origine des hauts plateaux d'Asie centrale ou du Tibet. Aujourd'hui, l'arbre à laque ne pousse qu'en Chine du Sud, en Corée, au Vietnam et au Japon, mais il semble qu'il aurait été beaucoup plus répandu jadis. En japonais, le nom de la matière et celui de l'arbre se confondent : urushi 漆. L'idéogramme correspondant, composé des clés de l'arbre, de l'eau de l'homme, donne une image fidèle de ce qu'il décrit !
Récolte
Un arbre doit avoir une dizaine d'années avant qu'on ne puisse en prélever la sève. Cinq à dix entailles horizontales et parallèles sont pratiquées sur le tronc, et un suc épais et grisâtre recueilli. Chaque arbre peut être entaillé plusieurs fois dans l'année, mais ne produit pas plus de quelques dizaines de millilitres en tout. La substance recueillie est d'une consistance proche du latex. La qualité de la sève dépend de nombreux facteurs, dont l'âge de l'arbre, le climat, le sol ou encore la saison. La récolte se fait au cours du printemps et de l'été, mais la laque de meilleure qualité est récoltée entre juin et août, et provient de la section centrale du tronc. Elle est gardée et traitée à part du reste de la récolte, et réservée aux couches supérieures de laquage et à la finition des objets. Les qualités inférieures servent à la préparation des sous-couches.
Qualités
La laque possède des propriétés chimiques inhabituelles qui lui confèrent certaines qualités très particulières. Tout d'abord, elle a la caractéristique extraordinaire de ne sécher qu'en milieu humide. A l'état pur, elle ne peut sécher qu'appliquée en couches extrêmement fines: au-delà de 0.03 à 0.05 mm, il restera une partie liquide sous la pellicule durcie en surface. Une fois durcie, la laque a la capacité de sceller des matériaux poreux tels le bois, le bambou, le papier ou le tissu, qui deviennent grâce à elle entièrement résistants à l'humidité, au sel, à la chaleur, aux liquides – y compris l'alcool –, à la nourriture, et même aux acides. Les récipients en laque sont par conséquent particulièrement adaptés pour servir, entreposer et transporter des boissons ou de la nourriture. La laque est également un excellent adhésif, même pour des matériaux dissemblables. Elle est utilisée comme colle, notamment pour réparer des céramiques. La laque n'a qu'un seul point faible, la lumière. Exposée à de la lumière trop forte, la laque pâlit, se dessèche et se décompose.
La grande résistance de la laque ainsi que sa solidité et son inaltérabilité résident avant tout dans le nombre de couches appliquées à l'objet sur lequel on travaille. Celui-ci peut aller d'une dizaine à une centaine de couches, dont l'épaisseur varie entre 0,8 et 1 mm. Une laque de bonne qualité ne s'érode pas même après cent ou deux cents ans. A titre de comparaison, la peinture à l'huile s'écaille au bout de dix ans, et les vernis chimiques ne conservent leur éclat que vingt ou trente ans.
Chimie de la laque
Le durcissement de la laque est un processus d'oxydation qui n'a rien en commun avec un séchage ou une évaporation ordinaires. Les constituants principaux de la laque brute sont une molécule anti-oxydante connue sous le nom d'urushiol, et une enzyme, la laccase. En présence d'oxygène, la laccase agit comme un catalyseur pour l'oxydation de l'urushiol, et provoque un durcissement permanent de la laque brute, dont la consistance est visqueuse à la base.
A l'état brut liquide, la laque est toxique et provoque de graves irritations cutanées, même si certaines personnes y sont immunes. La composition de la sève est la suivante: 20% d'eau, 2% de laccase, 4% de gomme et 74% d'urushiol. Plus le taux d'urushiol est élevé, plus le durcissement de la laque sera prononcé. La dureté de la laque est la marque de sa qualité supérieure.
Au Japon, les laques bénéficient du pourcentage particulièrement élevé d'urushiol dans les arbres indigènes. En effet, la sève japonaise contient 70-80% d'urushiol pour 7% de gomme, alors que le pourcentage est plus proche de 50% d'urushiol pour 20% de gomme dans la sève des arbres chinois, vietnamiens ou thaïlandais.
Préparation
Une fois recueillie, la laque est entreposée dans un baril de bois avant d'être raffinée. Elle est d'abord filtrée à travers un linge pour éliminer les impuretés et rendre la laque suffisamment fluide. Puis l'eau contenue dans la sève est éliminée par évaporation. Pour cela, elle est entreposée de douze à vingt-quatre heures dans des chambres de séchage (muro "salle" ou urushiburo "bain à laque"), gardées à une température de 20 à 25° et un taux d'humidité de 75 à 85%. Les chambres de séchage servent aussi à abriter les objets de la poussière entre deux couches de laquage.
Supports
La laque raffinée peut être appliquée sur un grand nombre de matières dont les textiles, le bambou, le cuir, la céramique ou le métal. Les armures ou les casques des samouraïs étaient par exemple souvent laqués. Mais de tous temps, le support principal a été le bois, généralement un bois au grain régulier, qu'il soit possible de travailler jusqu'à une grande finesse. Le bois d'orme, keyaki 欅, par exemple, en devient presque translucide. Outre l'orme, le cèdre, sugi 杉, le cyprès japonais, hinoki 檜, le paulownia, kiri 桐, ou encore le magnolia, hônoki 朴, se prêtent à ce type de travail. La base est préparée de manière à ce que toute crevasse ou inégalité soit entièrement gommée, afin que les couches de laque soient appliquées sur une surface parfaitement uniforme. Pour ce travail, le laqueur fait appel à des artisans extérieurs. Dans le cas du bois, il s'agira de menuisiers spécialisés dans le bois assemblé, dans le bois tourné ou dans le bois courbé selon les besoins de l'objet.
Une fois la base achevée, l'objet est prêt pour le laquage des couches préparatoires. Chaque couche successive doit être appliquée, séchée, puis poncée avant de passer à la suivante. Les premières couches sont les plus épaisses, les dernières les plus fines. Il en va de même pour les abrasifs employés. Après ces différentes étapes visant à protéger l'objet, la partie véritablement décorative du travail peut commencer.
Techniques
Les techniques de laque varient en fonction des pays, des qualités de laque, et de l'usage auquel sont destinés les objets. Les quelques cent cinquante laques du 8e siècle conservés dans le musée du Shôso-in à Nara, regroupent à eux seuls sept procédés différents. Mais les trois catégories les plus représentatives des arts de la laque sont la gravure, les incrustations et le maki-e.
Collection Métiers d’Art – La symbolique des laques
Il n’y a pas chez Vacheron Constantin d’homme qui puisse ignorer ce qu’est la passion pour la belle horlogerie. Car sans passion, il n’y a pas d’exigence véritable. Et si le Cabinotier d’autrefois a disparu, dans les couloirs de la manufacture, près des établis, demeure la mémoire de ces hommes dont aujourd’hui chaque horloger, chaque artisan, par le geste, fait revivre le langage de l’esprit et perpétue le savoir-faire.
Car le temps, c’est aussi la mémoire. Etre fidèle à ces visionnaires et virtuoses de l’époque demeure sans aucun doute l’une des grandes qualités de Vacheron Constantin. L’éthique et l’obligation d’excellence qui anime chaque membre de la manufacture a fait l’homogénéité de la Maison depuis plus de 250 ans. Adopter la philosophie de ses prédécesseurs, lorsqu’elle contient cet humanisme indispensable, apporte une forme d’épanouissement que peu connaissent.
Ce profond engagement de Vacheron Constantin pour la transmission et la valorisation des métiers horlogers – et en particulier ceux des Métiers d’Art qui rassemblent la quintessence des savoir-faire dans le domaine très particulier des arts décoratifs appliqués à la création horlogère (émailleur, graveur, guillocheur et sertisseur) – continue de se poursuivre aujourd’hui au travers de garde-temps, véritables oeuvres d’art, dont seuls quelques maîtres et artisans ont encore dans leurs ateliers le secret de fabrication.
La collection Métiers d’Art… Là où le savoir de l’esprit habite la main qui donne vie à l’objet, l’homme offre une âme à chacune de ses créations.
Lorsque Vacheron Constantin institutionnalise en 2004 la collection Métiers d’Art avec la série limitée de garde-temps Hommage aux Grands Explorateurs, la manufacture illustre une volonté farouche de pérenniser l’une de ses valeurs fondamentales, la transmission des traditions artisanales des Métiers d’Art de la Haute Horlogerie.
Ainsi, pour la naissance de cette collection, chacun dans son domaine, virtuoses de leur art et passionnés, les maîtres horlogers ont combiné leurs talents avec les maîtres émailleurs, alliant techniques anciennes et modernes de leur métier respectif, pour donner naissance à des montres exceptionnelles, tant en matière de mécanique que d’esthétisme, au travers d’un mouvement breveté offrant une lecture du temps étonnante et d’un cadran sublimé par un art ancestral et complexe: l’émail Grand Feu.
De ce même principe, la collection Métiers d’Art – Les Masques – dont le premier coffret a été présenté en 2007 – illustrera elle aussi à la perfection la combinaison des talents et des savoirfaire, cette fois-ci entre maîtres horlogers et maîtres graveurs qui, travaillant main dans la main, ont donné naissance à des garde-temps, véritables invitations à voyager dans le temps et l’espace, à la recherche des racines de l’homme, et à se pencher sur l’une des plus belles expressions de son âme.
Rencontre entre Vacheron Constantin qui a fêté ses 250 ans d’activité à Genève en 2005, Et Zôhiko qui soufflera ses 350 bougies d’existence à Kyoto en 2011… Plus de 600 années d’histoire cumulée.
L'immense résonance que la collection Métiers d’Art Les Masques issue de la rencontre entre Vacheron Constantin et le Musée Barbier-Mueller de Genève a conforté la manufacture horlogère dans sa conviction : aujourd'hui plus que jamais, il importe de conjuguer les métiers de la culture et des arts avec la plus haute qualité technique de l’art horloger.
Cette combinaison des talents joignant virtuosité et précision tant techniques que décoratives, est l'illustration parfaite des valeurs fondamentales de Vacheron Constantin : la quête de l'excellence, le soutien de la créativité, l'ouverture au monde, le respect et la transmission des traditions, et enfin le partage de la passion.
Ouvrant un nouvel horizon à l’alliance entre technique horlogère et technique décorative, la manufacture propose pour la première fois une collection Métiers d'Art dont une partie de la production quitte le sol genevois pour venir d’un autre continent. Et c'est un ailleurs lointain, puisque derrière le terme mystérieux de maki-e se cache le fleuron des techniques ancestrales et traditionnelles de la laque japonaise.
Naissance de la collection « Métiers d’Art – La symbolique des laques »
Dans les tiroirs de son département Création, Vacheron Constantin avait depuis longtemps le projet d'une conjonction entre maki-e et horlogerie. Mais ce projet n'avait encore jamais trouvé l'étincelle qui lui ferait prendre vie. Cette étincelle viendra de la maison Zôhiko qui portait la même aspiration en miroir : parvenir à combiner les talents des arts horlogers à celui des arts de la laque.
La référence aux "Masques" n'est pas fortuite : c'est l'audace tant technique qu'artistique, et la beauté de cette collection qui encouragera Zôhiko à se faire connaître auprès de Vacheron Constantin pendant l'automne 2007 pour étudier la possibilité d'une collaboration.
S'il y a dans toute rencontre une part de hasard et de chance, la création d'une véritable relation ne peut se faire que sur la base d'affinités profondes et le partage de valeurs communes. Celles-ci se sont développées immédiatement entre les deux maisons, porteuses toutes deux du même respect fondamental des traditions culturelles, techniques et artistiques. Vacheron Constantin est le dépositaire d'une lignée ininterrompue depuis 1755, et Zôhiko est également le dépositaire d’une lignée fondée en 1661. A elles deux, elles cumulent 600 ans d'expérience et de savoir-faire.
Mais avant tout, cette collection est une aventure humaine. C’est un voyage et une découverte d’un audelà inconnu où savoir-faire et innovation se rejoignent au plus haut point. De cette rencontre entre les hommes d’une des plus anciennes maisons japonaises de laque Zôhiko 象彦, sise à Kyôto depuis sa fondation en 1661, et ceux de la plus ancienne manufacture d’horlogerie du monde en production ininterrompue à Genève depuis sa fondation en 1755 - Vacheron Constantin - naît un singulier porteur des mêmes valeurs fondamentales : la collection Métiers d’Art – La symbolique des laques.
Trois ans, neuf motifs, soixante coffrets
Fidèle à l'esprit de la collection Métiers d'Art, la série de montres Métiers d’Art – La symbolique des laques se déclinera sur trois ans, chaque année donnant naissance à un nouveau coffret de trois montres en série limitée à seulement vingt exemplaires.
Chaque volet présentera des motifs choisis pour les cadrans, réalisés avec la technique du maki-e, dans l'immense réservoir symbolique des traditions artistiques d'Extrême-Orient. C'est ainsi que tout motif, qu'ils soient dérivés du monde animal, végétal ou minéral, est porteur de signification et est susceptible d'être combiné avec un autre : des figures divines ou héroïques sont associées à des animaux, ces animaux à des plantes, ces plantes à des vertus ou à des qualités abstraites, etc. Souvent, ces motifs renvoient à des oeuvres littéraires, des poèmes ou encore des légendes.
D’un point de vue horloger, c’est le légendaire calibre extra-plat 1003 qui a été choisi par Vacheron Constantin pour équiper cette série de garde-temps. C’est une version squelette du mouvement construit en or 14 carats que l’on retrouve ici. Toutefois, pour magnifier l’harmonie de l’ensemble et veiller à ce que le travail du maki-e soit bien mis en avant, Vacheron Constantin a été jusqu’à opter pour un traitement ruthénium qui – calmant l’éclat naturel de l’or - offre un effet des plus élégants à la montre. Les glaces saphir sur les deux faces permettent d’admirer les finitions exceptionnelles, notamment le travail d’anglage, réalisées dans les ateliers de la manufacture genevoise.
Quant à la boîte ronde d’une apparente simplicité, elle a été dessinée dans des lignes d’une sobriété exemplaire qui confine à l’épure, respectant l’esprit zen de la collection Métiers d’Art – La symbolique des laques.
Le thème de la longévité
Le premier coffret déclinera le thème de la longévité dans la tradition extrême-orientale avec « Les Trois amis de l'hiver" – Saikan no sanyû 歳寒三友 - le pin, le bambou et le prunier. Ce trio classique de la symbolique chinoise est passé très tôt au Japon où il est tout aussi populaire que dans son pays d'origine. Par leur capacité à résister à la rigueur des grands froids, les "Trois amis de l'hiver" représentent avant tout la longévité. Par extension, ils sont aussi associés à la loyauté d'une amitié survivant aux moments difficiles que symbolise l’hiver.
Les pins sont vénérés pour leur âge et leur force. Ils sont aussi tenus en haute estime car ils restent verts en hiver. Le bambou, quant à lui, est perçu comme un parfait gentleman, souple face aux changements, mais sans jamais abandonner son idéal : dès que la tourmente est passée, il regagne sa position initiale. Quant au prunier, il est respecté parce qu’il est le premier arbre à fleurir encore au coeur de l’hiver, et qu’il est l’arbre fruitier à la plus longue vie. L’idéal de l’homme lettré chinois et japonais était d’être “fort comme le pin, résistant comme le bambou et pur comme le prunier”.
Chacun des "Trois amis de l'hiver" a pour compagnon un oiseau auquel il est combiné par paire.
Ainsi, le pin au grand âge est lié à la grue dont la blancheur rappelle le cumul des années. Le bambou est associé au moineau dont l'activité sans relâche symbolise la vitalité du bambou toujours renaissant. Enfin, le prunier et le rossignol japonais sont représentés ensemble car tous deux célèbrent l'arrivée du printemps, l'un par ses fleurs précoces, l'autre par son chant.
C'est cette double combinaison de trois motifs que Vacheron Constantin a choisi en étroite relation avec Zôhiko. Chaque montre est ainsi dotée d'un double cadran en laque travaillée dans la technique maki-e. Le motif principal de l'arbre sur le dessus de la montre est doublé du motif de l'oiseau sur son revers, faisant ainsi face au poignet. En cela aussi, le choix de Vacheron Constantin rejoint une tradition japonaise, puisque nombre d’objets de laques japonais sont décorés même sur leurs surfaces cachées comme par exemple l'intérieur des couvercles ou les fonds de boîtes.
La montre Prunier et Rossignol Japonais - Ume to uguisu 梅と鴬
Le prunier est connu avant tout pour l’éclosion au coeur de l’hiver de ses délicates fleurs blanches à peine teintées de rose. Leur parfum subtil se répand au plus froid des mois d’hiver, et fait naître les premiers espoirs de printemps. Bien que ni le prunier, ni ses fleurs, ne soient d’une magnificence particulière, ils sont d’un caractère si frais et si exquis qu’ils enchantent l’esprit au milieu de la désolation de l’hiver. Le prunier sert ainsi de métaphore à la beauté intérieure et l’humilité face à l’adversité du monde.
L’association du prunier et du rossignol japonais semble être un développement plus particulièrement japonais. Ils sont tous deux les premiers messagers du printemps : le premier chant du rossignol japonais est appelé « premier son de l’année», hatsune 初音. Les références poétiques où prunier et rossignol japonais sont associés sont innombrables. Souvent, elles sont aussi associées à la neige, puisque les pruniers fleurissent souvent si tôt que les fleurs de prunier semblent se confondre avec les flocons de neige.
Qu’est ce que le maki-e '
Maki-e 蒔絵 - qui veut dire "image semée" - représente la technique la plus sophistiquée de l’art de la laque, désignant un travail décoratif où la poussière d'or ou d'argent est délicatement saupoudrée sur de la laque encore humide, généralement noire, pour créer le motif.
La laque provient de la sève de l'arbre à laque Rhus verniciflua. Apparenté au sumac vénéneux, il vient à l'origine des hauts plateaux d'Asie centrale ou du Tibet. Aujourd'hui, l'arbre à laque ne pousse qu'en Chine du Sud, en Corée, au Vietnam et au Japon, mais il semble qu'il aurait été jadis beaucoup plus répandu. En japonais, le nom de la matière et celui de l'arbre se confondent : urushi 漆. L'idéogramme composé des clés de l'arbre et de l'eau de l'homme donne une image fidèle de ce qu'il décrit.
Les techniques de laque varient en fonction des pays, des qualités de laque, et de l'usage auquel sont destinés les objets. Les trois catégories les plus représentatives des arts de la laque sont la gravure, les incrustations et le maki-e.
L'éventail de possibilités est presque infini, et l'invention japonaise du maki-e dans ses différentes variations représente l'un des mariages les plus remarquables de maîtrise technique et de sophistication esthétique dans l'histoire de l'art. Cette technique décorative est développée très tôt dans l'histoire japonaise. Elle arrive à pleine maturité artistique entre le VIIIème et XIIème siècle de notre ère pour devenir l'ornementation prédominante à partir du XVIIème siècle et le rester à ce jour. Elle ne semble pas avoir été utilisée en Chine - ou en avoir très tôt disparue. En revanche, elle y était très prisée comme en témoignent les nombreuses commandes passées depuis le continent au cours des siècles. Le maki-e lui-même a donné lieu à une floraison de techniques qui lui sont propres. Dès le milieu du Xème siècle, cette technique dépasse de loin toutes ses rivales, et leur est largement préférée pour sa finesse d'exécution, son caractère tout à la fois précis et vaporeux, et l'immense poésie qui s'en dégage.
L'une des plus grandes beautés de la laque est qu'elle orne les objets les plus précieux comme les plus quotidiens. Bols et vaisselle de laque traversent les siècles, tout comme les boîtes aux usages de forme multiple : boîtes à documents, boîtes à thé, à encens, à pinceaux, à encre, à cartes, à médicaments, etc. Si de tous temps, il y a eu du mobilier de laque, la préférence va malgré tout presque toujours aux objets de petite taille, à un travail de perfection dont la minutie est un enchantement.
La Maison Zôhiko
En 1661, Yasui Shichibei 安井七兵衛 (1632-1692) ouvre un magasin vendant des laques et des produits chinois, qu'il nomme "A l'Ivoire", Zôgeya 象牙屋. Son successeur est Kusunoki Jihei 楠治兵衛 (1659-1714), qui se concentre désormais sur les laques. Le magasin restera dans la famille pour cinq générations, avant d'être transmis à Nishimura Hikobei 西村彦兵衛 (1719-1773), alors chef de production, par manque d'héritiers dans la branche Kusunoki. Kusunoki Jirôbei 楠治郎兵衛(1723-1784) légua à son premier commis non seulement le magasin, mais aussi le soin des tombes de sa famille, créant ainsi un lien de filiation insécable. Depuis cette époque jusqu'à ce jour, la Maison Zôhiko est tenue par des membres de la famille Nishimura qui reprennent à chaque fois le prénom du fondateur. Le directeur actuel de Zôhiko est ainsi le neuvième Nishimura Hikobei.
Le troisième Hikobei (1806-1875) reçut de l'Empereur le titre de "Maître en maki-e" pour l'excellence de son travail. L'une de ses pièces les plus remarquables est un panneau en maki-e représentant le bodhisattva Fugen sur un éléphant blanc. L'histoire dit que la population de Kyôto fut si séduite par la beauté de cette image qu'elle la nomma le "panneau de Zôhiko". "Zô" signifiant l'éléphant et "Hiko" reprenant la première partie du prénom de "Hikobei". C'est là, l'origine du nom de la Maison Zôhiko.
La Maison Zôhiko entretient des liens de longue date avec la Cour impériale japonaise. Le quatrième Hikobei (1806-1875) en était l'un des fournisseurs officiels et le directeur actuel a réalisé le siège officiel de l'Empereur régnant. Les premières exportations de l’atelier datent de la toute fin du XIXème siècle en conjonction avec l'ouverture du Japon au monde extérieur suite à la Restauration de Meiji. Cette nouvelle ampleur donnée à la Maison est l'oeuvre du huitième Hikobei (1887-1965). Il fut unanimement considéré comme un pionnier de l'industrie de la laque. Il fonda également une école de maki-e qui devint une référence pour de nombreux artistes spécialistes de la laque.
La longue histoire de Zôhiko reflète une tradition d'excellence sans pareille dans le respect à la fois d'une continuité artistique et d'une créativité toujours renouvelée. Tout en cultivant une tradition déjà plus que millénaire, Zôhiko est ouverte sur le monde. Le partage avec Vacheron Constantin a donné lieu à une collaboration d'une intensité extraordinaire dont le fruit porte le nom de collection Métiers d’Art –La symbolique des laques.
Vacheron Constantin et le Japon… Une relation de très longue durée
C’est aux environs des premières années 1800 qu’un éminent historien de l’horlogerie Alfred Chapuis situe les premiers contacts commerciaux de Vacheron Constantin avec l’Asie et la Chine en particulier (dans son ouvrage de référence paru en 1919 « La Montre chinoise »). Ailleurs dans le monde, à la même époque, la Maison est présente en Amérique du Sud avec un représentant installé de façon permanente au Brésil. En Russie, elle fournit régulièrement la Cour impériale, et en 1847, c'est le marché de l'Inde qui lui ouvre ses portes.
A cette époque, le Japon est encore fermé à presque tout contact extérieur. En effet, entre le début du XVIIème et le milieu du XIXème siècle, le gouvernement militaire des shôguns veilla à ce que le pays soit presque entièrement coupé du monde. Ce n'est qu'à partir de 1854, sous la pression américaine, que les premiers traités commerciaux sont conclus avec l'Occident. Les choses iront dès alors très vite. Les répercussions se feront bien entendu sentir jusqu'en Suisse.
En 1862, le Conseil Fédéral décide d'envoyer une délégation suisse au Japon et convie "M. Vacheron, Fabricant d'horlogerie" à une réunion préparatoire. Le 6 février 1864, la Suisse signe son premier document officiel avec le Japon : il s'agit d'un traité de commerce permettant notamment aux ressortissants suisses de s'établir dans les ports ouverts du pays.
Déjà à cette époque, la Maison Vacheron Constantin était tenue en haute estime au Japon car en 1867, l'année même de son intronisation, l'Empereur Meiji avait prévu de visiter les ateliers de la fabrique lors de sa visite à Genève. Une invitation de dernière minute chez M. de Rothschild le retiendra.
En 1884, le Japon adopte l'heure universelle alors que la Suisse ne rejoint les rangs qu'en 1892, et la France en 1911! Jusque-là, le Japon comptait les heures de manière inégale entre le jour et la nuit et selon les saisons. Les horloges japonaises, wadokei 和時計, étaient donc de conception différente des horloges occidentales. L'adoption de l'heure universelle est ainsi plus qu'un simple ajustement, et fait partie de la véritable révolution culturelle dans laquelle s'engage le Japon en entrant dans l’ère moderne.
Le "genre Japon"
En 1906, Vacheron Constantin ouvre sa première boutique en l'Ile au coeur de Genève. Dès le début, une clientèle japonaise régulière et exigeante se construit, constituée tant de visites de passage que de commandes depuis le Japon.
A partir de 1917, Vacheron Constantin est représenté au Japon même dans les trois villes de Tôkyô, Yôkohama et Kôbe. Les premières montres envoyées sont des chronomètres de marine. Très rapidement, il s'avère que la clientèle japonaise a des goûts si précis et affirmés qu'il se développe un véritable code esthétique qualifié de "genre Japon" avec des montres plates et sobres, élégantes, avec une préférence pour les couleurs blanche et argent.
La fin du XIXème et le début du XXème siècle marquent la grande époque du « japonisme » en Europe dans le sillon des expositions universelles de Paris où les arts du Japon font fureur. Ferdinand Verger et ses descendants, représentants parisiens de Vacheron Constantin jusqu'en 1939, sont de véritables génies créatifs qui sauront tirer parti de l'enthousiasme général témoigné à l'égard du Japon. Il réalise ainsi plusieurs montres d'inspiration japonisante pour Vacheron Constantin, certaines jouant par exemple de l'émail jusqu'à donner l'illusion de la laque, d’autres en laque véritable qui font aujourd’hui encore partie de la collection privée du patrimoine de Vacheron Constantin.
En 1953, S.A.I le Prince Akihito, l'actuel empereur régnant du Japon, a visité la manufacture Vacheron Constantin et la boutique historique en l’Ile, ne manquant pas d’apposer sa signature dans le livre d'or de la Maison.
L’histoire de la laque, le secret du « vernis » si précieux
"L'arbre qui donne le véritable vernis du Japon s'appelle urushi. Cet arbre produit un jus blanchâtre dont les Japonais se servent pour vernir leurs meubles, leurs plats, leurs assiettes de bois qui sont en usage chez toutes sortes de personnes, empereur ou paysan : car à la cour et à la table du monarque, les ustensiles vernissés sont préférés à ceux d'or et d'argent".
Engelbert Kaempfer, Médecin allemand voyageant au Japon, "Histoire naturelle, civile et ecclésiastique du Japon", 1727
Cet extrait résume l'essentiel de la laque japonaise. Employé au féminin, la laque désigne une matière, mais employé au masculin, le laque est un objet décoré avec cette matière. On trouve aujourd’hui trois grandes catégories de laque : la laque véritable, la gomme-laque et les vernis.
La laque véritable est la sève d'un arbre qui ne se trouve qu'en Extrême-Orient. La gomme-laque est une résine tirée des secrétions d'un insecte vivant en Inde et en Asie du Sud Est. Ces deux formes de laque diffèrent dans la teinte mais avant tout dans la résistance et la solidité.
Les vernis regroupent quant à eux, tous les substituts européens à la laque orientale. Ces succédanés sont de toutes sortes, tant végétaux, qu'animaux, puis synthétiques, et sont de qualité très variable. Ils regroupent par exemple des vernis recouvrant le bois des violons signés Stradivarius en passant par des variantes beaucoup plus quotidiennes et modestes. Mais aucun ne rivalise avec les qualités inhérentes à la véritable laque.
La laque : richesse et origines en Extrême-Orient
Tant en Chine qu'au Japon, l'utilisation de la laque remonte à l'époque néolithique. Des fouilles archéologiques ont permis d'établir les dates les plus anciennes proches de 6'000 ans avant JC. A cette époque, la laque était employée pour revêtir les objets utilitaires comme les objets rituels. Deux pigments étaient utilisés pour colorer la laque, le cinabre pour le rouge et le charbon de bois pour le noir. Très rapidement, la laque n’est plus considérée seulement pour ses qualités de protection, mais aussi d'ornement.
La Chine et le Japon développent rapidement et à leur plus haut niveau les Arts de la laque. Si la Chine a donné l'impulsion initiale d'une tradition artistique de haut niveau, le Japon rattrape bientôt ses maîtres et dès le premier millénaire de notre ère, l'histoire de la laque dans ces deux pays est engagée en un dialogue et une émulation constante. Ainsi le Japon développera la magie du maki-e, la technique que l’on retrouve aujourd’hui dans la collection Métiers d’Art – La symbolique des laques.
L’histoire de la laque au Japon
Au Vème et VIème siècle, l'influence culturelle et politique de la Chine est extrêmement forte au Japon. Elle touche à tous les domaines et les techniques de laque chinoise, beaucoup plus développées sur le continent à cette période, sont également transmises au Japon. Elles y trouveront un répondant immédiat. L'importance de la laque dans l'économie japonaise est attestée en 701 par le Code de Daihô (la législation fondamentale de l'Etat japonais) qui prévoit l'établissement d'un Bureau des laques, Nuribe no tsukasa 漆部司, au sein du Département des Finances et qui contraint les aristocrates à planter des arbres à laque sur leurs propriétés, payant une partie de leurs impôts en objets de laque. Les ateliers produisent des laques en particulier pour la cour impériale et pour les temples du pays entier dont la demande se fait toujours plus importante.
Les techniques de laque de cette époque sont extrêmement tributaires de la Chine et il n'est souvent pas facile de distinguer la provenance d’un objet. En revanche, les bases de cette technique sont là, comme en témoigne la variété des laques conservés au Shôso-in de Nara. Ce trésor datant du VIIIème siècle existe encore aujourd'hui, c’est le plus ancien musée du monde. Les sept techniques de laque identifiées parmi les objets du Shôso-in soulignent l'importance de cet art dès les premiers temps de l'histoire japonaise. La plupart des procédés employés ultérieurement seront des variations et des perfectionnements de ces premières techniques.
L’âge d'or de la laque
La fin du VIIIème siècle marque un retour du Japon sur ses propres valeurs, si bien que l'influence continentale s'amoindrit de manière draconienne. Sur le plan artistique, une esthétique plus purement japonaise, définie par une grâce et une finesse d'exécution sans pareille, commence à se développer. Les arts de la laque sont parfaitement représentatifs de ce nouvel essor, et dans l'histoire de la laque japonaise, la période allant de la fin du VIIIème au XIIème siècle est qualifiée d'âge d'or.
En effet, les techniques de céramique n'avaient pas encore pris leur envol et les objets utilitaires comme le mobilier étaient principalement faits de bois, support par excellence de la laque. Cette période constitue l'aube des techniques raffinées du maki-e, dont la délicatesse s'allie parfaitement à une époque où fleurit une culture aristocratique et sophistiquée, baignant dans la poésie et les arts.
Laque, thé et zen
Vers le XIIIème siècle, la branche Zen du bouddhisme est introduite au Japon, et avec elle, arrive aussi le thé. D'abord utilisé par les moines pour ses vertus curatives, son usage évolue pour donner jour à la cérémonie du thé, très prisée dans les milieux de l'aristocratie guerrière. Nombre des objets employés pour conserver ou servir le thé sont des laques: boîte à thé et à encens, plateaux, cuillères de bambou, etc. Les formes fluides et la décoration raffinée des laques sont en parfaite adéquation avec l'esthétique du thé.
La laque et l'Occident
Les premiers contacts entre le Japon et l'Occident se font par les Jésuites portugais et espagnols dans la première moitié du XVIème siècle. Ces missionnaires introduisent d'ailleurs, sous forme de cadeaux, les premières horloges européennes au Japon. Ils instituent aussi des cours d'horlogerie, qui conduiront les Japonais à développer leurs propres horloges, les wadokei 和時計, adaptées au calendrier sino-japonais marquant des heures inégales. Ces mêmes Jésuites sont à l'origine des premières exportations de laque japonaise vers l'Occident. Celles-ci provoqueront un engouement spectaculaire au sein de l'aristocratie européenne et créeront une véritable industrie d'export au Japon dont les produits sont spécifiquement calibrés pour le goût occidental. En Europe, c'est la vogue des cabinets et salons entièrement décorés de mobilier en laque. L'une des collections de laque les plus connues est celle de la reine Marie-Antoinette (1755-1793), qu'elle-même avait héritée de sa mère Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780). Même si la Chine en exporte elle aussi, l'intérêt pour les laques japonais est si important entre le XVIIème et le XVIIIème siècle en Europe que le terme de "japan" devient synonyme de laque, tout comme celui de "china" désigne la porcelaine.
Naissance de Zôhiko
Entre le XVIIème et le XIXème siècle, la laque se démocratise. D'abord réservée aux classes les plus hautes de la société, les laques deviennent accessibles à une population plus large. C'est dans ce contexte que Yasui Shichibei ouvre en 1661 le magasin qui deviendra plus tard Zôhiko. A cette époque se développe également le goût pour des objets de petite taille dont la préciosité reflète le statut social et la fortune de leur propriétaire. Ces objets étaient si petits qu'ils pouvaient être passés à la ceinture, d'où leur nom, sagemono, "objets suspendus". Les plus recherchés d'entres eux sont les portemédicaments ou porte-sceaux, inrô 印籠, et les étuis à pipe qui serviront tous deux d'écrin au plus grand perfectionnement des techniques de laque.
En 1868, après plus de deux siècles de repli sur soi où les contacts avec l'étranger étaient sévèrement limités, le Japon s'ouvre à nouveau au monde et à l'Occident en particulier. La vague de modernisation et d'industrialisation qui s'ensuit est si forte qu'elle menace d'engloutir de nombreuses traditions artisanales. Paradoxalement, pour certaines d'entre elles, dont la laque, c'est l'enthousiasme dont elles sont l'objet à l'étranger qui assure d'abord leur survie, puis leur renouveau.
Qu’est-ce que la laque véritable '
La laque est la sève de l'arbre à laque (ou laquier), Rhus verniciflua. Apparenté au sumac vénéneux, il vient à l'origine des hauts plateaux d'Asie centrale ou du Tibet. Aujourd'hui, l'arbre à laque ne pousse qu'en Chine du Sud, en Corée, au Vietnam et au Japon, mais il semble qu'il aurait été beaucoup plus répandu jadis. En japonais, le nom de la matière et celui de l'arbre se confondent : urushi 漆. L'idéogramme correspondant, composé des clés de l'arbre, de l'eau de l'homme, donne une image fidèle de ce qu'il décrit !
Récolte
Un arbre doit avoir une dizaine d'années avant qu'on ne puisse en prélever la sève. Cinq à dix entailles horizontales et parallèles sont pratiquées sur le tronc, et un suc épais et grisâtre recueilli. Chaque arbre peut être entaillé plusieurs fois dans l'année, mais ne produit pas plus de quelques dizaines de millilitres en tout. La substance recueillie est d'une consistance proche du latex. La qualité de la sève dépend de nombreux facteurs, dont l'âge de l'arbre, le climat, le sol ou encore la saison. La récolte se fait au cours du printemps et de l'été, mais la laque de meilleure qualité est récoltée entre juin et août, et provient de la section centrale du tronc. Elle est gardée et traitée à part du reste de la récolte, et réservée aux couches supérieures de laquage et à la finition des objets. Les qualités inférieures servent à la préparation des sous-couches.
Qualités
La laque possède des propriétés chimiques inhabituelles qui lui confèrent certaines qualités très particulières. Tout d'abord, elle a la caractéristique extraordinaire de ne sécher qu'en milieu humide. A l'état pur, elle ne peut sécher qu'appliquée en couches extrêmement fines: au-delà de 0.03 à 0.05 mm, il restera une partie liquide sous la pellicule durcie en surface. Une fois durcie, la laque a la capacité de sceller des matériaux poreux tels le bois, le bambou, le papier ou le tissu, qui deviennent grâce à elle entièrement résistants à l'humidité, au sel, à la chaleur, aux liquides – y compris l'alcool –, à la nourriture, et même aux acides. Les récipients en laque sont par conséquent particulièrement adaptés pour servir, entreposer et transporter des boissons ou de la nourriture. La laque est également un excellent adhésif, même pour des matériaux dissemblables. Elle est utilisée comme colle, notamment pour réparer des céramiques. La laque n'a qu'un seul point faible, la lumière. Exposée à de la lumière trop forte, la laque pâlit, se dessèche et se décompose.
La grande résistance de la laque ainsi que sa solidité et son inaltérabilité résident avant tout dans le nombre de couches appliquées à l'objet sur lequel on travaille. Celui-ci peut aller d'une dizaine à une centaine de couches, dont l'épaisseur varie entre 0,8 et 1 mm. Une laque de bonne qualité ne s'érode pas même après cent ou deux cents ans. A titre de comparaison, la peinture à l'huile s'écaille au bout de dix ans, et les vernis chimiques ne conservent leur éclat que vingt ou trente ans.
Chimie de la laque
Le durcissement de la laque est un processus d'oxydation qui n'a rien en commun avec un séchage ou une évaporation ordinaires. Les constituants principaux de la laque brute sont une molécule anti-oxydante connue sous le nom d'urushiol, et une enzyme, la laccase. En présence d'oxygène, la laccase agit comme un catalyseur pour l'oxydation de l'urushiol, et provoque un durcissement permanent de la laque brute, dont la consistance est visqueuse à la base.
A l'état brut liquide, la laque est toxique et provoque de graves irritations cutanées, même si certaines personnes y sont immunes. La composition de la sève est la suivante: 20% d'eau, 2% de laccase, 4% de gomme et 74% d'urushiol. Plus le taux d'urushiol est élevé, plus le durcissement de la laque sera prononcé. La dureté de la laque est la marque de sa qualité supérieure.
Au Japon, les laques bénéficient du pourcentage particulièrement élevé d'urushiol dans les arbres indigènes. En effet, la sève japonaise contient 70-80% d'urushiol pour 7% de gomme, alors que le pourcentage est plus proche de 50% d'urushiol pour 20% de gomme dans la sève des arbres chinois, vietnamiens ou thaïlandais.
Préparation
Une fois recueillie, la laque est entreposée dans un baril de bois avant d'être raffinée. Elle est d'abord filtrée à travers un linge pour éliminer les impuretés et rendre la laque suffisamment fluide. Puis l'eau contenue dans la sève est éliminée par évaporation. Pour cela, elle est entreposée de douze à vingt-quatre heures dans des chambres de séchage (muro "salle" ou urushiburo "bain à laque"), gardées à une température de 20 à 25° et un taux d'humidité de 75 à 85%. Les chambres de séchage servent aussi à abriter les objets de la poussière entre deux couches de laquage.
Supports
La laque raffinée peut être appliquée sur un grand nombre de matières dont les textiles, le bambou, le cuir, la céramique ou le métal. Les armures ou les casques des samouraïs étaient par exemple souvent laqués. Mais de tous temps, le support principal a été le bois, généralement un bois au grain régulier, qu'il soit possible de travailler jusqu'à une grande finesse. Le bois d'orme, keyaki 欅, par exemple, en devient presque translucide. Outre l'orme, le cèdre, sugi 杉, le cyprès japonais, hinoki 檜, le paulownia, kiri 桐, ou encore le magnolia, hônoki 朴, se prêtent à ce type de travail. La base est préparée de manière à ce que toute crevasse ou inégalité soit entièrement gommée, afin que les couches de laque soient appliquées sur une surface parfaitement uniforme. Pour ce travail, le laqueur fait appel à des artisans extérieurs. Dans le cas du bois, il s'agira de menuisiers spécialisés dans le bois assemblé, dans le bois tourné ou dans le bois courbé selon les besoins de l'objet.
Une fois la base achevée, l'objet est prêt pour le laquage des couches préparatoires. Chaque couche successive doit être appliquée, séchée, puis poncée avant de passer à la suivante. Les premières couches sont les plus épaisses, les dernières les plus fines. Il en va de même pour les abrasifs employés. Après ces différentes étapes visant à protéger l'objet, la partie véritablement décorative du travail peut commencer.
Techniques
Les techniques de laque varient en fonction des pays, des qualités de laque, et de l'usage auquel sont destinés les objets. Les quelques cent cinquante laques du 8e siècle conservés dans le musée du Shôso-in à Nara, regroupent à eux seuls sept procédés différents. Mais les trois catégories les plus représentatives des arts de la laque sont la gravure, les incrustations et le maki-e.
Marque : | Vacheron Constantin |
Collection : | Métiers d'Art |
Modèle : | La Symbolique des Laques |
Référence : | 33222/000R-9517 |
Nbre de pièces : | 20 |
Complément : | Prunier et Rossignol |
Année : | 2010 |
N'est plus commercialisé | |
Prix du neuf : | Sur demande |
Diamètre : | 40 mm |
Styles : | Haute Horlogerie Atypique |
Types : | Mécanique à remontage manuel |
Calibre : | Vacheron Constantin 1003 SQ |
Calibre distinction : | Poinçon de Genève Extra-plat |
Complication : | Squelette |
Matière du boîtier : | Or rose |
Particularité du boitier : | Fond ouvert Extra-plat Fond saphir Fond avec cadran en Laque japonaise maki-e |
Forme : | Ronde |
Etanchéité : | 30 mètres |
Cadran : | Laque japonaise maki-e |
Couleur du cadran : | Noir |
Affichage : | Aiguilles |
Index : | Non |
Matière du bracelet : | Alligator |
Couleur du bracelet : | Noir |
Fermeture du bracelet : | Boucle ardillon |
Plus de caractéristiques : | Série limitée de 20 coffrets par an. renfermant 3 montres chacun Mouvement Squelette. en or 14 carats. traité ruthénium Développé et manufacturé par Vacheron Constantin Épaisseur : 1.64 mm Diamètre : 20.80 mm 18 rubis Fréquence : 18 000 alternances / heure Réserve de marche : 30 heures Boîtier et boucle en or rose 4N 18 carats Cadran en or 18 carats recouvert de laque Fermoir avec demi Croix de Malte polie |